Renault Colorale : crossover des fifties
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Renault Colorale : crossover des fifties

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 21/09/2016

Colorale : voilà un nom qui sonne comme un paquet de lessive, ou qui fleure bon la France d’antan, coloniale et rurale. Oui, Renault n’est pas allé chercher bien loin le nom de son break à tout faire. Destiné aux colonies et au monde rurale donc, mi-utilitaire, le véhicule présenté par la régie en mai 1950 mixera les deux sans chichi : autant appeler un chat un chat !

La Colorale en version Pick up (en haut) et fourgon tôle (en bas)
La Colorale en version Pick up (en haut) et fourgon tôle (en bas)

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On peut aujourd’hui ce moquer de cette grosse camionnette, de son insuccès commercial, ou de son design triste comme une porte de prison, mais il faut cependant rendre hommage à Renault d’avoir anticipé la mode du crossover d’aujourd’hui, et ce dès les années 50. Sur une même plate-forme, le Losange va proposer un break familial (Prairie), un Taxi (éponyme), un utilitaire rustique destiné aux Colonies donc (Savane), un pick-up, un fourgon tôlé et un châssis cabine (pouvant donc être aménagé en dépanneuse, ou avec un plateau « à ridelles » par exemple) : 6 modèles pour une gamme allant du véhicule particulier à l’utilitaire, en passant par les transports publics (le modèle taxi sera cependant retiré de la gamme dès 1952 faute… de clients).

La Prairie, version "familiale" de la Colorale
La Prairie, version « familiale » de la Colorale (en haut) et la Pick up en action (en bas)

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Surtout, chacun de ces modèles pouvait recevoir 4 roues motrices et une garde au sol réhaussée, pour arpenter le désert, la montagne, les chemins de traverse et les champs boueux. Avec la Colorale, Renault répondait à tous les besoins… d’aujourd’hui : 4×4, SUV, Monospace, utilitaire, le Colorale était un peu tout cela à la fois. Manque de bol, si l’offre est pertinente aujourd’hui, elle l’était moins durant les fifties.

Colorale en version 4x4 (en haut) et Savane (en bas)
Colorale en version 4×4 (en haut) et Savane (en bas)

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Etrangement, au moment de lancer le Colorale, Renault n’en a pas vraiment besoin commercialement : la 4CV mobilise déjà toutes les forces vives de l’entreprise et se vend comme des petits pains : la régie aurait donc pu se passer de ce modèle. Mais l’entreprise voulait pouvoir garder dans son giron les clients fidèles de la Juvaquatre fourgonnette. Loin d’être un véhicule de conquête, le Colorale devait surtout « fidéliser » et répondre aux besoins de la France rurale. Autant dire qu’il ne s’agissait pas d’un véhicule stratégique, ce qui explique sans doute son design peu valorisant, et son antique moteur 2,4 litres et 46 chevaux datant de 1936 (ce qui, pour un poids de 1640 kg, n’en fait sûrement pas un foudre de guerre). En 1953 heureusement, le Colorale recevra le 2 litres de la Frégate pour 58 ch tout de même !

Colorale en version plateau (en haut) et Prairie (en bas)
Colorale en version plateau (en haut) et Prairie (en bas)

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Côté production, c’est Chausson qui s’occupait d’emboutir les carrosseries et de commencer l’assemblage à Gennevilliers, finalisé ensuite à Billancourt dans les usines Renault. Un mécano industriel pas simple qui ne facilitera pas la rentabilité du Colorale. D’ailleurs, l’opération s’avérera même un fiasco financier puisque sur chaque Colorale vendu, Renault perdait de l’argent. Il aurait fallu en produire plus pour espérer rentrer dans ses frais. Mais avec un peu plus de 43 000 exemplaires vendus entre 1950 et 1957, fallait pas rêver. Renault d’ailleurs fut bien tenté d’arrêter les frais avant, mais s’était engagé auprès de Chausson sur un certain volume de production qu’il fallut bien atteindre avant de clore définitivement le chapitre. Le dernier Colorale sortira des chaînes en février 1956, mais il fallut attendre la mi-57 pour écouler les stocks.

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Pourquoi un tel échec commercial ? La faute d’abord à ce satané moteur hors d’âge, bien à la peine pour trimbaler la voiture, chargée ou non. Avec un manque de puissance évident, une conception antique et un poids certain, fallait pas vraiment s’étonner de voir les consommations s’envoler. Or la clientèle visée, agricole essentiellement, n’était pas reconnue pour être dispendieuse. Un sou est un sou. Les versions utilitaires seront donc boudées, mais aussi les versions « civiles ». A l’époque, Peugeot offrait une 203 familiale plus valorisante et moderne, Simca proposait l’Aronde en version break, puis enfonçait le clou avec la Marly en 1956 (version break de la Ford/Simca Vedette) pour les plus fortunés. Enfin, en 1953, Citroën relance pour une année seulement sa 11 Familiale 8 places. La Colorale Prairie ne risquait pas de se faire une place au soleil.

Avouez qu'en version 4x4, elle a de la gueule aujourd'hui
Avouez qu’en version 4×4, elle a de la gueule aujourd’hui

Si durant mon enfance la Colorale avait déjà disparu du paysage automobile, elle restera pourtant pendant longtemps présente dans l’imaginaire de la génération précédente, notamment à cause des garagistes à l’ancienne qui s’en servaient de dépanneuse bricolée (j’imagine la vitesse du dépannage une fois la voiture accrochée à la grue artisanale du Colorale et le vieux « 85 » tentant de déplacer tout cela). Etrangement, quand on la regarde aujourd’hui, surtout dans sa version 4×4 Prairie, on se prend à trouver le concept pertinent. A l’époque c’était beaucoup moins évident. Si les moteurs anémiques ne vous font pas peur, et si vous arrivez à en trouver un exemplaire en bon état, non modifié, alors sautez sur l’occasion. Robuste, rustique (et glouton), il rendra bien des services tout en impressionnant le voisinage qui n’en reviendra pas d’y voir un losange sur la calandre très « 4CV » !

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