Rolls-Royce Corniche : une certaine idée du grand luxe
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Rolls-Royce Corniche : une certaine idée du grand luxe

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 29/01/2019

Qui n’a jamais rêvé d’un jour poser son royal fessier sur les sièges d’une Rolls-Royce Corniche ? Même sans développer une passion sans borne pour la marque britannique, on ne peut qu’apprécier ce monument du luxe et de l’automobile à sa juste valeur. Car c’est bien la qualité première de cette déclinaison cabriolet (mais aussi coupé à ses débuts) de la Silver Shadow : elle est le symbole de la réussite par excellence, un symbole dont la production dura près de 30 ans et qui fut souvent parmi les voitures les plus chères du monde.

Lorsque Rolls-Royce présenta en 1965 sa nouvelle berline, la Silver Shadow, ce fut une révolution pour la vénérable marque : pour la première fois, elle offrait à sa clientèle plutôt conservatrice un condensé de technologies. Caisse autoporteuse, suspension hydraulique, lignes simples mais efficaces, le tout propulsé par un V8 tout alu qui deviendra célèbre, le fameux 6 ¾ qu’on retrouvera encore sur les Bentley du début des années 2000 (mais qui, avant 1970, ne cubait que 6 230 cc) !

La Corniche existait aussi en version Saloon (2 portes)

Une initiative de Mulliner Park Ward

On ne doit pas les Corniche à Rolls directement, mais à sa filiale Mulliner Park Ward, située à Londres, sur Hythe Road. Cette filiale, fruit de la fusion de deux carrossiers appartenant déjà à la firme anglaise, Mulliner et Park Ward, s’occupait désormais de produire des versions spécifiques dérivés des modèles au double R pour de riches clients. Dès 1966, “MPW” proposait ainsi une version coupé de la Silver Shadow, appelée Mulliner Park Ward 2 door Saloon fixed head coupé et produite à la demande. En 1967, le carrossier londonien déclinait le concept en une version drop head coupé (c’est-à-dire cabriolet) elle aussi produite à l’unité.

Ces premières déclinaisons, bien que vendues au compte-gouttes, permirent à Rolls-Royce de vérifier qu’un marché existait bien pour ce type de véhicule, même s’il était réduit.  Entre 1966 et 1971, 568 exemplaires du coupé siglés MPW (plus 98 versions Bentley T) et 505 cabriolets (plus 41 versions Bentley T) furent produits avant de devenir officiellement des produits “maison”, prenant chez Rolls-Royce comme chez Bentley le nom de Corniche.

La Corniche rentre au catalogue Rolls Royce

Bien qu’entrée au catalogue, la Corniche restait produite par MPW. Enfin presque : les carrosseries étaient d’abord fabriquées à Londres puis envoyées par camion à Crewe, où elles recevaient leurs éléments mécaniques et les intérieurs. Les voitures étaient ensuite renvoyées à Londres pour la finition. Au final, ce mécano industriel faisait gonfler le prix. Mais pour la riche clientèle de Rolls, ce n’était pas un problème. Au contraire, rouler en Corniche, que chacun savait excessivement chère, permettait de montrer ostensiblement l’étendue de sa fortune.

Acheter une Corniche relevait d’un autre plaisir que le sport : avec 220 à 240 chevaux (chez Rolls, on prenait un malin plaisir à taire la puissance réelle du 6 ¾ pour parler de “puissance suffisante”) et un poids non négligeable de 2 185 kg, il ne fallait pas espérer l’agilité d’une sportive italienne, surtout avec ses suspensions typées confort pouvant donner mal au cœur en conduite soutenue. Mais le plaisir était ailleurs : rouler les cheveux au vent dans un monument dédié au luxe et à la volupté, mais aussi et surtout épater la galerie en offrant à tous les regards le véritable salon tout de cuir tendu et de ronce de noyer qui lui sert d’habitacle.

Une longévité de 30 ans

En 1977, le restylage de la Silver Shadow fut appliqué à la Corniche, devenue série 2. En 1981, le coupé quittait le catalogue après 1 090 versions Rolls-Royce et 69 versions Bentley. En 1984, la Bentley Corniche prenait le nom de Continental. En 1990, un léger restylage fut appliqué à la Série III puis, 2 ans plus tard, à la série IV. En 1995, les dernières Corniche S (avec turbo) tombaient des chaînes pour disparaître du catalogue.

Au total, 7 358 Rolls-Royce (dont 1 693 coupés, y compris les premiers 2 doors) et 756 Bentley (dont 182 coupés) furent produits de 1966 à 1995. Autant dire que les Corniche / Continental ne sont pas rares aujourd’hui et restent relativement accessibles (si l’on considère qu’il s’agit de Rolls ou de Bentley). On trouve les coupés (selon LVA en 2018) à partir de 37 000 euros, tandis que les cabriolets s’échangent entre 55 000 et 85 000 euros (pour les dernières Corniche IV). Quand on se dit qu’il s’agissait à l’époque de l’une des voitures les plus chères du monde…

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