Saab 9-X BioHybrid : l'occasion manquée
YOUNGTIMERS
COUPÉ
SAAB
SUÉDOISE

Saab 9-X BioHybrid : l'occasion manquée

Par PAUL CLÉMENT-COLLIN - 01/06/2017

La marque suédoise a toujours souffert d’une gamme trop étriquée, empêchant tout espoir de volumes de production, synonymes de baisse des coûts, de conquête et de pénétration, et qui aurait permit de développer un réseau de distribution plus important. Longtemps limitée à deux modèles (900 et 9000, puis 9-3 et 9-5), elle n’aura jamais réussi à dépasser les 150 000 exemplaires par an, même au meilleur de sa forme. Aussi, lorsqu’en 2008 Saab présenta son concept 9-X BioHybrid, j’ai cru qu’enfin la petite marque suédoise allait se réveiller.

Dépourvue de petits modèles spécifiques, Saab a parfois tenté de piocher chez des constructeurs amis leurs modèles. Ainsi, Saab commercialisera pendant un temps la Lancia A112 (lire aussi : Lancia-Saab A112), puis un modèle un peu plus gros, la Saab-Lancia 600 (lire aussi : Saab-Lancia 600). Elle proposera aussi dans les années 80 la Saab 90, sorte d’entrée de gamme hybride entre une 99 et une 900 (lire aussi : Saab 90). Dans les années 2000, la GM tentera d’élargir la gamme vers le bas en maquillant une Subaru Impreza en Saab 9-2X, sans succès (lire aussi : Saab 9-2X). Malgré ces tentatives, Saab n’arrivera jamais à sortir de son éternel duo 900/9000 devenu 9-3/9-5. Malédiction ?

Pourtant, après l’échec de la 9-2X (et du gros SUV 9-7X), j’ai l’impression que GM avait enfin compris la leçon : pour sortir Saab de l’ornière, il lui fallait donc une vraie gamme, cohérente avec son passé et avec son style. En 2006, on eut droit à un premier concept, l’Aero-X (lire aussi : Saab Aero X), superbe coupé clin d’oeil à la Sonett (lire aussi : Saab Sonett). En enfin, en 2008, cette fameuse 9-X BioHybrid et sa version cabriolet, la 9-X Airconcept. Dans le même temps se préparait dans l’ombre la future 9-5 (lire aussi : Saab 9-5 NG) et le SUV 9-4X (lire aussi : Saab 9-4X). Allait-on assister au renouveau de la marque au griffon ?

J’ai longtemps pensé que GM avait « gâché » Saab et son potentiel premium par des erreurs stratégiques, un manque de vision, ou d’implication. Pourtant je pense qu’en cette deuxième partie des années 2000, le groupe américain avait enfin une vision claire de ce que pourrait devenir Saab, avec des produits cohérents et spécifiques tout en piochant dans la banque d’organes GM. J’ai eu l’occasion de dîner un soir, à Florence, avec Anthony Lo, designer chez GM et pour Saab à l’époque (notamment sur les concepts Aero-X et 9-X) : il semblait lui aussi croire que les américains avaient enfin compris ce qu’il pouvait faire de la petite marque suédoise. Ces deux concepts préfiguraient certes le style des 9-5 et 9-4X à venir, mais aussi sans doute une nouvelle gamme, plus large.

Oui mais voilà, la 9-5 se prépare, le 9-4X aussi, on présente la 9-X BioHybrid qui préfigure clairement une citadine, et patatatra, cette même année 2008 éclate la crise dite « des subprimes ». Une crise suffisamment forte pour ébranler les géants de l’automobile américaine, à tel point qu’en décembre 2008, l’Etat américain est obligé de prêter en catastrophe 17 millions de dollars à GM, accablé par sa dette et incapable de faire face à ses échéances. En échange, GM promet de réduire sa dette de 2/3, et de vendre certaines de ses marques, Pontiac, Hummer, Saturn, Saab et Opel. En févrir 2009, Saab est officiellement mise en vente, et le 26 janvier 2010, la marque est cédée à Victor Muller et Spyker Cars pour 400 millons de dollars. Entre temps, en juin 2009, la General Motors est contrainte de se placer sous la protection de la loi sur les faillites. Tous ces ennuis conduiront à un lancement trop tardif de la 9-5 et de la 9-4X, et finalement à la fin de Saab.

Mais revenons à notre 9-X ! Il semble clair qu’avec ce projet, et si GM n’avait pas été au plus mal à ce moment là, nous aurions eu droit à une petite Saab dans les années 2010. Comme Volvo l’avait fait avec la 480 (lire aussi : Volvo 480) puis la C30, les designers de GM et de Saab réunis sous la direction d’Anthony Lo vont plancher sur le concept d’un petit « shooting brake » : une solution idéale pour se différencier à moindre frais. Autant le premier concept 9-X de 2002 semblait déséquilibré, autant celui-ci est une réussite esthétique. Equilibrée, moderne, tout à fait dans le style lisse (« galet ») de Saab, la 9-X BioHybrid aurait vraiment pu jouer les trouble-fête sur le marché de la citadine « branchée » peuplé de Fiat 500 et de Mini. Saab n’avait plus le moyen ensuite, et ce sera d’une certaine manière Citroën et sa DS3 qui profitera de l’aubaine.

Depuis déjà longtemps, Saab jouait aussi sur la carte des carburants alternatifs, et notamment le Biocarburant E85. Le 4 cylindres 1.4 Turbo présent dans la 9-X peut donc accepter aussi bien de l’E85 que du SP95, mais développe plus de couple avec l’E85. Il s’offre 170 canassons, une puissance très correcte pour la taille de la voiture, tandis qu’un moteur électrique complète la panoplie (il s’agit d’un moteur gérant le « start & stop », et délivrant un surcroît de puissance jusqu’à 200 ch si nécessaire, le tout avec la technologie Lithium-Ion pour les batteries).

On retrouve l’esprit aéronautique de Saab à l’intérieur de la 9-X

Présentée à Genève en mars 2008, la 9-X BioHybrid fait sensation, et alors que la tempête semble encore loin, les équipes de Saab s’attaque à une version cabriolet, dénommée 9-X Airconcept, présentée, elle, au salon de Paris en octobre 2008. On l’a vu, la situation financière de GM mettre un terme aux ambitions retrouvées de Saab, et jamais nous n’aurons le droit de goûter aux joies d’une « petite » suédoise de Trollhättan !

L’Air Concept, version cabriolet de la 9-X BioHybrid

Je dois vous avouer que c’est pour moi un regret éternel. Cette petite Saab, à l’intérieur futuriste, à la ligne séduisante et moderne, aurait pu dynamiser la marque et lui offrir une nouvelle image. Sans aller jusqu’à croire qu’elle se serait vendue à des millions d’exemplaires, elle aurait du, à mon sens, permettre au griffon de booster ses ventes, de conquérir de nouveaux marchés, aux côtés d’un fort prometteur 9-4X défrichant de son côté de nouveaux horizons. Imaginez qu’une coupé tel que l’Aero ait complété l’ensemble, et vous obteniez enfin une gamme cohérente. Sans doute qu’une nouvelle 9-3 moins grossière que le projet de Spyker avec la Phoenix aurait alors permit à Saab de devenir enfin une marque qui compte, à l’instar de Volvo aujourd’hui.

Las, cessons de rêver, le scenario s’est écrit autrement, et Saab n’est plus, malgré les tentatives de NEVS, successeur de Spyker aux manettes. Désormais, ne reste plus que des Saab old-school, de collection ou d’occasion, pour perpétuer l’esprit de la marque : robustesse, puissance, confort (voire luxe), et style décalé.

Autos similaires en vente

Saab 900 Turbo 16 1992 Turbo 16
Saab 900 Turbo 16 1992 Turbo 16
Saab 900 Turbo 16 1992 Turbo 16
Saab 900 Turbo 16 1992 Turbo 16
Saab 900 Turbo 16 1992 Turbo 16
1992 / Manuelle / 206 740 km
22 900 €
Saab 900 Turbo 16
Saab 900 Turbo 16
Saab 900 Turbo 16
Saab 900 Turbo 16
1991 / Manuelle / 112 800 km
15 000 €
Saab 900 Turbo 16v Cabriolet
Saab 900 Turbo 16v Cabriolet
Saab 900 Turbo 16v Cabriolet
Saab 900 Turbo 16v Cabriolet
Saab 900 Turbo 16v Cabriolet
1988 / Manuelle / 223 100 km
Vendue

Carjager vous recommande

Nicolas Fourny / 25 févr. 2025

Saab 9-3 2.8 V6 Turbo Aero : un joyau méconnu

« L’agrégat rassemblant le V6 dans sa version la plus aboutie, l’avantage des quatre roues motrices et la praticité du break demeure très séduisant »
BERLINE
SAAB
SUÉDOISE
Nicolas Fourny / 09 août 2024

Saab 9000 : comment vivre dans l'ombre d'une légende

« Véhicule de conquête s’il en est, la 9000 s’adresse au moins autant aux saabistes désireux de monter en gamme qu’aux propriétaires de Mercedes, Volvo ou BMW »
BERLINE
SAAB
SUÉDOISE
Nicolas Fourny / 08 juin 2023

Saab 900 Classic cabriolet : l'exotisme et le désir

« La 900 décapotable conserve les caractéristiques qui ont préalablement séduit les adeptes des carrosseries fermées ; en particulier, si son moteur n’a pas la noblesse d’un six-en-ligne bavarois, cela ne l’empêche pas de présenter une fiche technique susceptible de combler les plus exigeants »
CABRIOLET
SAAB
SUÉDOISE
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 13 sept. 2022

Saab 900 : passionnante et intriguante

Aujourd’hui on l’appelle « classic » mais en 1990, elle ne l’était assurément pas. La Saab 900 1ère génération est celle qui m’a donné le virus Saab. En 1990 j’ai 15 ans, et mon père roule, comme des millions d’autres français, en Peugeot 405 (lire aussi: La 405 de mon père). J’ai soif de distinction mais j’ai des rêves accessibles, et je jette alors mon dévolu sur la 900. Elle a, selon moi, tout pour elle : une ligne atypique, des déclinaisons sportives (les Turbo 16 boîtier noir de 175ch et boîtier rouge de 185ch), en 3, 4, 5 portes ou cabriolet et l’intérieur est luxueux sans être ostentatoire.
SAAB
SUÉDOISE
YOUNGTIMERS
15 août 2022

Saab 9-4X : mort-né et déjà collector

La Saab dont nous allons parler aujourd’hui n’est pas tout à fait une vraie Saab, mais restera sans doute dans les annales comme l’un des modèles les plus rares de la marque au Griffon. Et surtout comme le dernier modèle commercialisé avant le rachat par NEVS : la Saab 9-4X.
SAAB
SUÉDOISE
Daniel Brooks / 29 juil. 2022

La Saab 900 S Cabriolet de Louis : « La bagnole des architectes »

Quelquefois le hasard fait bien les choses. L’envie d’acquérir une auto décapotable pour partir en vacances avec sa petite amie peut nous amener à découvrir un monde passionnant et en l’occurrence une auto sans égale. C’est l’histoire de notre ‘happy customer’ qui a fait appel à CarJager pour trouver une auto pour partir décapoté en Italie avec sa copine l’été dernier.
SUÉDOISE
TÉMOIGNAGES
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 28 sept. 2018

Saab 9-7X : on l'appelle le "Tröllblazer"

Une Saab à 4 roues motrices, dotée d’un moteur V8 frôlant parfois les 400 chevaux, de la place pour la famille entière ? Non vous ne rêvez pas, un tel véhicule badgé du griffon a bel et bien existé sous le doux patronyme de Saab 9-7X. Bien entendu, il ne s’agissait pas d’une suédoise pur jus, mais elle récupérait juste ce qu’il faut de maquillage pour faire illusion sur le marché américain, sans pour autant casser la baraque.
SAAB
SUÉDOISE
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 30 avr. 2018

Saab Calibra : un coupé Opel siglé du Griffon pour les USA ?

A la toute fin des années 80, la situation du Groupe General Motors est au beau fixe : les marques américaines du groupe proposent des gammes relativement cohérentes, où les nouveautés (Buick Regal, Chevrolet Lumina, Pontiac Trans Sport, lire aussi : Trans Sport) côtoient les valeurs sûres «  à l’américaine » comme la Cadillac Brougham. Il y a certes quelques ombres au tableau, comme la Cadillac Allanté (lire aussi : Allanté) mais le Groupe se défend bien. En Europe, GM s’est offert le petit artisan anglais Lotus, et sa filiale Opel sort enfin de sa léthargie grâce au lancement réussi de la Vectra. C’est dans ce contexte que GM décide de s’offrir 50 % en 1989 du constructeur suédois Saab, histoire de s’offrir un nouveau label décalé autant présent en Europe qu’aux USA !
SAAB
SUÉDOISE
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 06 nov. 2017

Saab 900i 16 - 158 HP: une Saab peut en cacher une autre

C’est vrai que lorsqu’on parle de Saab en général et de la 900 Classic en particulier, le Turbo vient tout de suite à l’esprit, comme une marque de fabrique désormais inamovible du constructeur suédois. A Volvo le break, à Saab le turbo : c’est pas forcément vrai, mais c’est l’image d’Epinal. Seulement voilà, toutes les Saab ne sont pas turbo, et si les plus férus chercheront plutôt le Graal d’un boîtier rouge (une Turbo 16 soupapes Haute pression de 185 ch, c’est bon vous l’avez), les 900 atmosphériques ne sont pas inintéressantes, surtout dans cette rarissime version réservée à la France entre 1989 et 1990 : la Saab 900i 16 – 158 HP !
FRANÇAISE
SAAB
SUÉDOISE

Vendre avec CarJager ?