FASA-Renault 8 TS : La Gordini à l’aspartame.
CLASSICS
FRANÇAISE
RENAULT

FASA-Renault 8 TS : La Gordini à l’aspartame.

Par Aurélien Charle - 16/08/2022

Au milieu des années 1960, le marché espagnol n’était pas encore prêt à accueillir une auto populaire sur-vitaminée. La Fasa-Renault lança toutefois la Renault 8 TS, aux performances timidement dopées mais suffisantes pour se faire de belles frayeurs sur le réseau routier vétuste de l’époque et donner accès au sport auto à peu de frais. Elle connut un succès comparable à la mythique Gordini et eut même le toupet de lui survivre jusqu’en 1976 !

L’usine FASA en Espagne !

Le losange national

Si Seat, bien qu’assemblant des Fiat sous licence, reste LE constructeur national espagnol, Renault n’est pas en reste dans le cœur des Ibériques. Née un an après la Sociedad Española de Autmóviles de Turismo, la Fasa-Renault apporta également sa part au miracle national sur quatre roues. Contrairement à son rival implanté à Barcelone, Renault choisit de s’implanter dans la sinistre région de Valladolid, vaste étendue de terres arides dont la seule dynamique ne réside que dans ses hivers rigoureux et ses étés asphyxiants…en résumé, aux antipodes d’une Espagne de carte postale. Ainsi émerge un boom de l’emploi et de l’économie sans précédent et Renault devient rapidement le vecteur d’activité numéro un dans le nord de la Castille. En lançant la 4cv sur le marché local en 1953, le constructeur au losange est aussi le premier à dégainer un nouveau modèle populaire à la portée d’un plus grand nombre et ce, quatre ans avant la Seat 600, considérée comme la plus mythique des populaires espagnoles.

Les Renault 8 sur la ligne de production FASA

La Dauphine arrive ensuite en 1957 et rencontre également le succès tout en se faisant connaître pour sa calamiteuse tenue de route qui lui valut, au pays de Cervantes, le surnom de « faiseuse de veuves ».  Enfin, la Renault 4 vient durablement asseoir l’image du losange en 1963 en apportant son concept novateur de petite auto ultra-versatile et passe-partout dans un pays encore majoritairement rural mais à l’urbanisation galopante. C’est donc à bras ouverts que la Fasa-Renault 8 est accueillie en 1965. Comme partout ailleurs, on apprécie son habitabilité en progrès, sa mécanique éprouvée et, bien que cela relève de l’exploit, sa tenue de route améliorée. Extérieurement, on y aime également sa ligne équilibrée tandis que l’on se sent gentiment chamboulé par son logo avant placé latéralement et son capot en forme de bec verseur.

La Renault 8 Gordini

Pas de Gordini, mais…

La R8 fait donc son entrée sur le marché espagnol peu de temps après que la mythique Gordini ait vu le jour de l’autre côté des Pyrénées. Cette formule inédite et avant-gardiste de voiture de monsieur Tout-le-monde encanaillée rencontre un succès considérable, notamment auprès de la jeunesse. L’engouement est tel que, dès 1966, est créée la Coupe R8 Gordini, réservée aux pilotes en herbe s’affrontant au volant de l’auto éponyme et sur laquelle nombreux furent ceux qui se firent les dents avant d’accéder à une grande renommée. Au même moment, la puissance de la bête s’envole à 88 chevaux tout en amplifiant le vide qui existe entre la R8 standard et sa turbulente variante de course. De plus, une partie de la jeune clientèle, désargentée, se trouve déjà sur le carreau à la sortie de la Gordini et une version plus accessible est plus que bienvenue. Ainsi, en 1968, naît la nouvelle Renault 8 S. Elle reprend le bloc Sierra de 1 108 CC de la Caravelle 1 100 S et délivre une puissance de 53 cv lui autorisant une vitesse de pointe de 146 km/h. Pour faire oublier ses prestations plutôt humbles, l’accent est mis sur la présentation extérieure en la munissant, comme sur la Gordini, de phares supplémentaires et d’une planche de bord recouverte d’un panneau imitation bois pourvu de cadrans circulaires Jaeger.

La Renault 8 S française qui inspirera la TS espagnole

Face au succès de la R8 Gordini, la FASA-Renault décide de lancer sa version sportive en Espagne. Toutefois, le marché automobile local ne semble pas aussi paré pour un tel trublion, vu qu’il n’y existe encore aucune sportive basée sur une gentille berline familiale. Pour ne pas trop se mouiller, la Fasa-renault lance donc la Renault 8 TS en octobre 1968. Présentée comme un modèle à tendance sportive, la TS veut toutefois ratisser plus large en adoptant une finition un cran au-dessus de la Renault 8 S française dont elle reprend la mécanique, d’une puissance légèrement augmentée à 55 cv. À l’instar de la R8 espagnole, la TS ne reçoit des freins à disque qu’à l’avant tandis que les versions françaises en reçoivent aux quatre roues. Elle s’équipe, sur son tableau de bord, d’un cinquième cadran circulaire indiquant la température de l’eau. Le volant reprend le même dessin, mais se trouve garni de mousse et se voit percé de six trous sur ses deux branches tandis que sur celui de la S, il n’est qu’en bakélite et possède huit cercles peints en noir.

Les assises de la TS sont redessinées et font preuve d’un confort accru et d’un meilleur maintien. Revers de la médaille, il ne sont disponibles que recouverts de skaï et ont vite fait de se transformer en poêle à paella lors des caniculaires étés espagnols. La face avant se munit également de projecteurs supplémentaires mais, contrairement à la S, ceux-ci sont de dimension égale. Afin de créer l’illusion, il reçoivent un cerclage chromé plus fin. Uniquement disponible en bleu de France ou en jaune vif, la Renault 8 TS se veut donc une alternative sportive, mais également luxueuse, au modèle standard.

¡ Olé !  

Face au succès de la Coupe Gordini en France et à ses retombées publicitaires pour la Régie, la Fasa songe à lancer une formule similaire sur la Péninsule. La Federación Española del Automovilismo se voit donc confier l’organisation de l’événement et, en mai 1969 est annoncée la première Copa Nacional TS. Celle-ci a ensuite lieu en juin de la même année sur le circuit de Jarama, aux alentours de Madrid. Le succès est considérable et, à l’instar des championnats organisés en France, de nombreux pilotes peu fortunés peuvent désormais accéder à une compétition officielle et, pour beaucoup, au premier échelon qui les mènera vers une véritable carrière professionnelle. Face à ce succès et à son impact publicitaire, l’édition est ensuite tenue chaque année avant que celle-ci devienne la Copa Nacional Renault à partir de 1977 et se dispute au volant de la nouvelle Renault 5 Copa.

Une carrière en sursis

Pour le conducteur lambda, la Renault 8 TS fait figure de Renault 8 de luxe au point de faire littéralement s’effondrer les ventes nationales de la Renault 10. La TS suit ensuite l’évolution de la Renault 8 espagnole. Alors que la production de la Renault 8 s’arrête en France en 1972, c’est l’usine de Valladolid qui assure la fabrication de l’ultime millésime 1973 pour l’Hexagone. Ce dernier cru n’est donc pas équipé de freins à disque à l’arrière. En Espagne, la commercialisation se maintient et le modèle subit même une cure de jouvence. En octobre 1973, la face avant munie des quatre phares se généralise et un nouveau pare-choc droit fait son apparition. Les clignotants circulaires s’évincent et laissent place à de nouveaux blocs rectangulaires intégrant les veilleuses et prenant place sous le bouclier avant. Les feux arrière deviennent également rectangulaires et s’élargissent de façon notable. Enfin, de nouvelles jantes apparaissent et reçoivent un enjoliveur au dessin inédit. Bien que la conception mécanique de la Renault 8 soit déjà bien dépassée, les ventes se maintiennent encore convenablement quelques temps.

En 1974 est lancée la Renault Siete, une Renault 5 à carrosserie tri-corps plus habitable et munie d’une moderne traction avant. Cette nouvelle venue, dont la commercialisation ne passera jamais les frontières, fait donc figure de remplaçante sur un marché automobile où l’idéal d’une petite familiale à malle arrière perdure tenacement. La Renault 8 ibérique quitte donc les catalogues pendant l’été 1976 au terme de 275 227 exemplaires, dont 15 978 TS, produits pour le seul marché national. La Renault 8 TS n’a certes pas la fougue de la Gordini mais représente une excellente alternative sur un marché plutôt frileux au départ. Elle a permis aux Espagnols de découvrir le sport automobile à moindres frais et a créé un nouveau segment de petites voitures nerveuses dans lequel la concurrence n’a pas tardé à s’engouffrer.

Autos similaires en vente

Renault R5 Turbo 2 0
Renault R5 Turbo 2 1
Renault R5 Turbo 2 2
Renault R5 Turbo 2 3
Renault R5 Turbo 2 4
Renault R8 Gordini 1300  R1135 0
Renault R8 Gordini 1300  R1135 1
Renault R8 Gordini 1300  R1135 2
Renault R8 Gordini 1300  R1135 3
Renault R8 Gordini 1300  R1135 4
Renault 18 Turbo 0
Renault 18 Turbo 1
Renault 18 Turbo 2
Renault 18 Turbo 3
Renault 18 Turbo 4
Renault Nn Torpédo 0
Renault Nn Torpédo 1
Renault Nn Torpédo 2
Renault Nn Torpédo 3

Carjager vous recommande

Renault Floride et Caravelle : c'est encore loin, l'Amérique ?
Nicolas Fourny / 13 août 2023

Renault Floride et Caravelle : c'est encore loin, l'Amérique ?

« La Floride est une stricte automobile de plaisance, calibrée pour le cruising (en ligne droite de préférence) plus que pour l’arsouille »
COUPÉ
FRANÇAISE
RENAULT
Renault 4 Parisienne : la citadine chic et féminine
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 13 sept. 2022

Renault 4 Parisienne : la citadine chic et féminine

Lancée en 1961, la Renault 4 a rapidement pris ses marques sur le marché français (au contraire de sa jumelle Renault 3) en passant en tête des ventes dès 1962 et s’y installant jusqu’en 1968 (excepté l’année 1965 où la Citroën Ami6 créera la surprise). Celle qu’on appelle désormais affectueusement “Quatrelle” fait le plein de clients tant à la campagne qu’à la ville. C’est d’ailleurs une nouveauté pour la Régie qui se doit, avec un même modèle, de toucher deux cibles différentes. En ville, la 4L est souvent la deuxième voiture, dévolue à la mère de famille, ce qui donnera des idées au service marketing naissant : créer de toutes pièces un modèle dédié à cette nouvelle clientèle, la Renault 4 Parisienne.
FRANÇAISE
RENAULT
Renault Estafette : le messager de la route
Quentin Roux / 13 sept. 2022

Renault Estafette : le messager de la route

C’est en allant voir la dernière acquisition d’un ami que m’est venue l’idée de vous parler de l’Estafette. Je me rappelais alors de celle carrossée en marchand de glaces installé dans la zone commerciale de la route de la Charité à Saint Germain du Puy (près de Bourges). La dernière fois que je l’ai vu, c’était sur Leboncoin… J’avais quelque peu hésité à m’offrir cette madeleine de Proust mais mes moyens ne me le permettaient pas…
FRANÇAISE
RENAULT
Renault 4CV Jolly: voiture de plage à l’italienne
13 sept. 2022

Renault 4CV Jolly: voiture de plage à l’italienne

Quand l’été approche, l’envie de posséder une voiture dite « de plage » se fait plus présente, lancinante, malgré l’absence de beau temps en cette fin de mois de mai. Les moins originaux rêveront à une Citroën Méhari, dans sa version thermique évidemment (lire aussi : Citroën Mehari), d’autres se laisseront tenter par l’interprétation du genre réalisée par Renault et Teilhol avec la Rodéo (lire aussi : Renault Rodéo), quand les plus audacieux rechercheront une Mega Club ou Ranch (lire aussi : Mega Club et Ranch) ou une Teilhol Tangara (lire aussi : Teilhol Tangara). Avec les voitures de plage françaises, on est plutôt dans l’utilitaire dérivé de sa fonction première pour devenir à l’usage un véhicule de loisir.
CLASSICS
FRANÇAISE
RENAULT
Renault 10 : quoi ma gueule ?
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 12 sept. 2022

Renault 10 : quoi ma gueule ?

Puisqu’on parlait il y a peu de la Renault 8 (lire aussi : Renault 8), il serait idiot de ne pas parler de sa sœur la 10. Vous savez, cette sœur mal aimée et un peu laide qui a toujours eu du mal à exister à côté de la petite mignonne. Censée être plus grande, plus luxueuse, plus statutaire, plus puissante aussi, elle remplaça la R8 Major en 1965. Trois ans plus jeune que la 8, la 10 paraît pourtant plus vieille, déjà dépassée, tandis que la pimpante truste les charts et s’offre une désirable version sportive dénommée Gordini.
FRANÇAISE
RENAULT
Renault 6 : La voiture de Giscard
Jean-Jacques Lucas / 05 sept. 2022

Renault 6 : La voiture de Giscard

« 77 PK 63 » (plaque jaune), était-elle vert anglais ou bleu marine ? La famille Giscard d’Estaing usait d’une Renault 6, en service dans sa demeure patricienne de Varvasse sur la commune de Chanonat (Puy-de-Dôme). Le cliché photographique de Gérard-Aimé pour l’agence Gamma-Rapho est bien connu, suivant la petite berline entre Chanonat et Chamalières, au matin du 8 avril 1974. Elle penche du côté droit et une silhouette de profil se détache dans l’habitacle. Olivier Todd, biographe critique en son temps du président Giscard d’Estaing, avait aussi évoqué cet humble équipage dans La Marelle de Giscard (éditions Robert Laffont, 1977). On était venu le quérir en R6, peut-être Edmond Giscard d’Estaing, mais ce n’est que de mémoire, dans une gare proche. Sujette à moquerie au temps de sa carrière, voiture de pépé à casquette et à la conduite somnolente, toujours vue comme coincée entre la Quatrelle et la R16, cette auto a tout de même trouvé sa clientèle entre 1968 et 1980 en France, prolongée jusqu’en 1986 en Espagne, avec une production dépassant 1,74 million d’exemplaires, proche du 1,85 million d’exemplaires de la R16 (1965-1980).
FRANÇAISE
RENAULT
Renault 15 et 17 : coupés décalés
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 16 août 2022

Renault 15 et 17 : coupés décalés

Il fut un temps où lancer un coupé 4 places populaire ne relevait pas du rêve, mais bien de la réalité, un temps où les SUV n’existaient pas, pas plus que les monospaces. A cette époque, une ligne légèrement sportive trouvait sa place et sa clientèle, même avec de petits moteurs. Dans ces années 70 encore autophiles, malgré deux crises pétrolières en début et fin de décade, Renault n’hésitait pas à dériver pas moins de deux coupés de sa berline moyenne 12 sous les noms de 15 et 17 : deux voitures qui, mine de rien, trouvèrent près de 300 000 clients.
FRANÇAISE
RENAULT
Renault 16 : pas monacale pour autant
Jean-Jacques Lucas / 16 août 2022

Renault 16 : pas monacale pour autant

Ses phares de format presque rectangulaire contribuent à la dater : des phares comme ceux des Ford Taunus (15M P6), comme ceux des Renault 10 modèle 68, puis des Renault 12 de 1969. La Renault 16 fut une auto de rupture dans l’offre automobile française des années 60, puisqu’elle bouleversait les conventions. Il fallait que l’automobile serve autant par ses fonctions explicites qu’implicites, en avoir pour son argent et son usage, gagner en autonomie. Le leitmotiv Renault des années 80 (« une voiture à vivre ») doit très largement à cette auto. La R16 est une jolie voiture, pimpante et lumineuse, multimodale par l’articulation et le chargement par l’arrière de l’habitacle. Renault entretiendra dès lors deux voies parallèles entre la berline bicorps (la R16, duo de R20 et R30, R25 et Safrane par la suite) et les berlines tricorps à moteur à l’avant (R12 à partir de 1969, continuée par la R18 voire la la R21). Entre les deux s’ouvraient des gammes médianes puisant aux deux familles avec la R14 (1976) puis les R11 et R9. 1 850 000 R16 produites entre 1965 et fin 1979, en presque 20 années, ne disqualifient d’ailleurs pas le quasi million de R14 produites en moins de huit années (1976-1983). Les compactes comme la R14 sont issues de cette pensée de la mobilité traduite par la R16 et sa contemporaine Simca 1100 dans un autre segment.
FRANÇAISE
RENAULT
Renault Dauphine 1093: 140 km/h sur le Banking !
PAUL CLÉMENT-COLLIN / 10 août 2022

Renault Dauphine 1093: 140 km/h sur le Banking !

Il y a des événements comme ça qui tombent pile poil dans la ligne éditoriale de Boîtier Rouge, et dans ces cas là, je saute sur l’occasion pour vous pondre ensuite une série d’articles aux petits oignons (du moins je l’espère). C’était le cas la semaine dernière grâce à Renault qui organisait le Renault Day suivi ensuite de démonstrations réservées aux journalistes sur le mythique anneau de Montlhéry pour fêter ses 115 ans de passion sportive. Au menu, Jean Ragnotti pour faire le show en Renault 5 Turbo Maxi, les Nervasport, Etoile Filante et 40 CV Sport comme à la parade, et tout une ribambelle de modèles sportifs du losange depuis l’après-guerre jusqu’à la fin des années 70 à piloter sur le célèbre circuit. Autant de modèles que je vous présenterai en détail. Pour inaugurer cette série, place à une voiture rare et mythique que j’ai donc pu conduire, la Dauphine 1093 !
FRANÇAISE
RENAULT

Vendre avec CarJager ?

Voir toutes nos offres de vente