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Alfa Romeo Spider : toute une (longue) époque !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 24 janv. 2016Bon ok, le Spider n’a jamais atteint les chiffres de production d’une Citroën 2CV, d’une Mini ou d’une Volkswagen Cox, mais le mythe ne se mesure pas toujours à coup de millions d’exemplaires. Il y a la longévité, le sex appeal, et l’imaginaire qui comptent aussi, et en cela, l’Alfa Romeo Spider fait aussi bien que ces populaires pré-citées. En 28 ans de carrière, et 4 séries différentes revisitant chacune le thème original, le Spider aura marqué « ses » époques, les unes après les autres.
Icône des sixties, vedette du film « Le Lauréat » (The Graduate) avec Dustin Hoffman et la fabuleuse bande son de Simon & Garfunkel dans sa version « os de seiche », elle deviendra ensuite un must des seventies avec son arrière tronqué (« coda tronca »), puis un joujou typique des eigthies sous ses habits de plastique « aérodynamique », et un plaisir de grand garçon dans sa version « ultime » si réussie. Quelle que soit sa génération, le Spider aura marqué l’imaginaire, et conservé son charme nostalgique, même au pire moment des années 80. Comment expliquer un tel succès ? C’est toujours difficile à expliquer, mais il est sûr que le dessin de Pininfarina n’y est pas étranger, dessin qui pourra ensuite s’adapter à toutes les époques (avec plus ou moins de bonheur). Sans doute aussi parce qu’il est né dans une période dorée, ces années 60 marquées par une certaine insouciance, un boom économique et donc automobile, et l’émergence du rock. Incarnation des sixties à son lancement, il en gardera le souvenir tout au long de sa carrière.
La 2ème série, « coda tronca », à l’arrière tronqué !C’est donc à Pininfarina que l’on doit sa ligne, mais aussi sa fabrication, puisque le carrossier le fabriquera du début à la fin. A son lancement, le Spider s’appelait Duetto, à la suite d’un concours lancé pour lui trouver un nom… Nom qu’il ne gardera qu’un peu plus d’un an (il sera retiré à cause d’une trop grande proximité avec une marque italienne de produits chocolatés), mais qui restera quasi à vie dans l’esprit des amateurs !
Mais revenons à ce beau spider. La première série de ce cabriolet 2 places propulsion, disponible en version 1600 (109 ch) puis à partir de 1967 en 1300 Junior (89 ch) et 1750 Veloce (118 ch), offrait un arrière particulier, tout en longueur bombée, qui lui vaudra ce célèbre surnom d’Osso di Seppia (Os de seiche en VF). C’est la plus recherchée aujourd’hui, par son aspect plus authentique, et aussi la plus rare, avec 13 691 exemplaires fabriqués.
La 3ème série se pare d’ornements « aérodynamiques » contestables…C’est en 1969 que sort la 2ème série, dite « coda tronca » puisqu’elle perd son arrière bombé pour un autre « tronqué ». Il perd un peu de son originalité, mais gagne des évolutions moteurs. Si le 1300 reste identique, le 1600 passe à 110 ch, et le 1750 à 124 ch. Le Spider gagne aussi un nouveau 2 litres de 132 ch, sous le nom de 200 Spider Veloce. Cette 2ème série sera fabriquée de 1969 à 1982, à 51 819 exemplaires, ce qui en fait le plus diffusé des Spider, et le rend plus accessible que l’os de seiche, mais pas le moins cher aujourd’hui.
Car en 1982, le Spider reçoit un 3ème restylage, appelé « Aérodynamique » ! Il s’agit a priori de la version la moins recherchée, car elle gagne des appendices en plastique noir, comme beaucoup de véhicules de cette époque là, censés la moderniser. Avec le recul, ils alourdissent le Spider qui perd un peu de sa grâce. Côté moteur, exit le 1300 et le 1750. Le Spider ne subsiste plus qu’en version 1600 (104 ch), 2000 (128 ch) et 2000 Quadrifoglio Verde (QV) de 132 ch. Au total, cette 3ème série sera fabriquée jusqu’en 1990 à 37 198 exemplaires.
La 4ème série se bonifie avec l’âge !En 1990, le Spider fait sa 3ème mue, avec une 4ème version connue sous le nom «Ultima ». Cette fois-ci, Pininfarina réussit à rendre son éclat à une voiture que les années 80 avaient un peu malmené. Adieu les plastocs noirs et moche, la qualité réelle ou perçue fait un bon, et grâce à d’habiles retouches, elle redevient tout à fait dans le coup. Pour tout dire, c’est la version que je préfère, en même temps fidèle à l’histoire, et bien dans son époque. Son temps est compté, puisque la Barchetta (une traction!) s’apprête à pointer le bout de son capot (lire aussi : Fiat Barchetta), mais elle distillait encore, en ce début des années 90, un parfum de Dolce Vita (même si le film éponyme mettait la Giulietta Spider, son prédécesseur, à l’honneur). Voiture à l’ancienne, et moderne à la fois, elle réussit à convaincre jusqu’en 1993 (même si quelques modèles furent vendus en 1994 aux Etats-Unis) 21 407 clients. Pas mal la mamie. Cette ultime version proposait deux moteurs seulement, le 1600 de 109 ch et le 2000 de 126 ch.
C’est donc en 1993 que la fabrication prend fin dans l’usine ultra-moderne de Pininfarina à San Giorgio Cavanese (elle était auparavant fabriquée à Grugliasco), après 124 115 exemplaires. Si la cote ne cesse de monter, lentement mais sûrement, il reste encore des affaires à faire, notamment avec la 3ème série, boudée par les amateurs. Si effectivement elle est la moins réussie des 4, elle a néanmoins son charme et permet de s’offrir un authentique Spider à un tarif encore raisonnable. De toute façon, il y en a pour toutes les bourses et tous les goûts. A méditer à l’heure de réfléchir à l’achat d’un véhicule plaisir pour l’été 2016 !