Partager cet article
BMW Série 3 Compact E36/5 : trente six à moitié ?
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 29 oct. 2017Lorsque j’avais 18 ans, l’E30 était devenue « has been » (lire aussi : BMW E30) tandis que l’E36 nous faisait rêver, tellement plus moderne, tellement plus fluide. Il faut dire que cette nouvelle Série 3 était une vraie révolution stylistique alors que la précédente restait très proche, bien que plus élégante, de l’E21 (lire aussi : BMW E21). Bref, l’E36 c’était de la balle, mais pour le jeunes frimeurs, ça restait un peu cher. Mais pour séduire une clientèle plus large, moins fortunée, ou désireuse d’une plus petite voiture, BMW eut une idée géniale : « et si on rabotait l’E36, tout en lui collant le train arrière d’une E30 histoire de faire baisser le prix ? ». Aussitôt dit, aussitôt fait : en 1994 sortait la BMW 316i Compact, série E36/5 (une E36 à moitié?) !
Rigolez mais cette E36/5 nous faisait envie à l’époque. Lointaine héritière des 1600/2000/2002 Touring des 70’s, et devancière d’une future Série 1 E87, la Compact, c’était la classe. Descendant d’une gamme, l’E36/5 luttait contre des Renault 19, des Peugeot 306 des Volkswagen Golf, et c’était autrement la classe d’arborer une hélice, un look d’E36, et une propulsion rigolote. Son train arrière et ses suspensions arrières venaient certes de l’E30, mais c’était pas non plus dégueulasse hein, juste plus compact et moins cher. Et puis, pour info, on trouvait le même package à l’arrière du Z3 (E36/7 et E36/8). Bref, pas de quoi non plus crier au scandale (enfin si, certains le diront après coup, histoire sans doute de revaloriser leur E36, genre « moi, j’ai une vraie série 3, pas une compact ».
En cette année 1994, BMW ne propose que le petit 4 cylindres 1.6 litre de 102 chevaux, mais rapidement, la gamme va s’étoffer avec une 318ti typée sport avec son 1.8 litre (puis 1.9) de 140 chevaux. Promis, 140 canassons sur cette petite E36/5, ça le faisait déjà, et la propulsion à ce niveau de gamme rendait le truc très joueur (bon, comme l’E30, il fallait faire gaffe sur le gras, mais ça participait au charme de la bestiole). Bien entendu, l’E36/5 eut droit à son diesel, la 318tds et son 4 pattes mazout turbo de 90 ch. Chacun ses choix, hein !
Plus rigolo, mais plus anecdotique, la 316g, une Compact E36/5 marchant au gaz naturel et développant sur la base du 1.6 105 chevaux. Bon il ne s’en vendra qu’une petite centaine d’exemplaires en Allemagne, ce qui n’était déjà pas si mal étant donné le peu de stations équipées Gaz à l’époque.
En 1996, BMW fit frémir les amateurs de M en général et de la Compact en particulier, en présentant un one-off d’une M3 Compact E36/5, oui monsieur, avec le 6 en ligne de 3.2 et 321 chevaux oui oui… une M3 rabotée du cul du plus bel effet, qui aurait pu compléter habilement la gamme des M3 après le coupé, la berline et le cabriolet (lire aussi : BMW M3 E36). Mais non, malheureusement, il ne s’agissait que d’un concept pour célébrer les 50 ans du magazine automobile Allemand Auto, Motor und Sport… auquel la voiture appartient désormais, bien qu’elle soit remisée chez Motorsport !
Non, vous ne rêvez pas, il s’agit de l’unique M3 Compact E36/5En 1997, l’E36/5 recevra un petit restylage, comme sa grande sœur E36… Pour l’occasion, la 323ti Compact s’offre un 6 en ligne, de 2.5 litres (et pas 2.3 comme pourrait le laisser croire le nom de la bagnole). A la clé, 170 chevaux et un petit look plus sportif que ses sœurs, sans doute l’un des modèles les plus intéressants de cette entrée de gamme béhème. Certes, l’E36/5 devient alors plus lourde, mais quel bonheur que ce L6, le tout dans un gabarit plus compact, et cela ne l’empêche pas d’atteindre peinarde les 230 km/h.
Beaucoup d’observateurs ont parlé d’échec en citant la Compact E36/5. Avec 371 498 exemplaires jusqu’en 2001, elle ne s’est pourtant pas trop mal défendu, tout en ne coûtant pas excessivement cher à produire. Si cela avait été un si grand échec, BMW n’aurait sûrement pas lancé une nouvelle Compact (nom de code E46/5) pour lui succéder sur la base de l’E46. Les deux compacts serviront aussi à la marque munichoise de se familiariser avec le segment pour pondre une Série 1 particulièrement réussie en 2004 : le fruit de l’expérience. Reste qu’on trouve des E36/5 à tous les prix, et souvent pas cher. Privilégiez les 318ti ou 323ti, les plus intéressantes « sportivement parlant », mais pourquoi pas une 316i pour daily driver, avec un peu de puissance et plus économique malgré tout.