Citroën Type C 5HP : popu’ et attachante.
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Citroën Type C 5HP : popu’ et attachante.

Par - 26/03/2020

La toute jeune marque aux chevrons vient de frapper fort en lançant sa Type A. Voulant toujours ratisser plus large, Citroën décide alors d’élargir sa gamme vers le bas. Présentée en 1921, la 5HP sera un grand succès et marquera une réelle avancée dans le domaine de la voiture populaire française. Elle sera également la première voiture sortie de Javel à générer un véritable capital sympathie.

Une auto moderne pour une clientèle plus nombreuse. 

Dans la France du début des années 1920, le concept de voiture populaire doit encore mûrir et se trouve bien à la traîne en comparaison des États-Unis et de la célébrissime Fort Model T. Citroën l’a bien compris et s’est d’ailleurs inspiré de son homologue américain dans la mise en place de ses procédés de fabrication et, plus tard, dans sa communication. La marque aux chevrons lance sa Type A en 1919 et jette un gros pavé dans la mare en proposant une voiture moderne et fiable à un prix déraisonnablement compétitif. Malgré cela, son modèle reste encore peu accessible pour la grande majorité. André Citroën songe alors à développer sa gamme vers le bas. 

Depuis le début des années 1910, certains constructeurs automobiles se sont lancés dans le cyclecar, une catégorie de véhicule mêlant automobile et motocycle, au prix d’achat beaucoup plus accessible et avantagé fiscalement. Le poids de ces engins reste toutefois limité à 350 kg, ce qui ne laisse que bien peu de marge de manœuvre. Le succès est présent, mais le confort et l’agrément d’une véritable automobile sont absents. L’idée de Citroën est alors de concevoir un nouveau modèle comblant le vide entre des cyclecars aux possibilités limitées et des automobiles encore un peu trop snobs.

Après la réalisation de plusieurs prototypes, il est décidé de réaliser une petite voiture reprenant les lignes de la Type A avec laquelle, réduction des coûts oblige, le nouveau modèle partagerait certains éléments. C’est ensuite au salon de Paris d’octobre 1921 qu’est dévoilé le fruit de ces études sous le nom de Type C, plus communément appelée Citroën 5HP. Elle est munie d’une structure en bois sur laquelle des panneaux de tôle ont été cloués. Le moteur est un petit quatre-cylindres de 811 cc développant une puissance de 11 chevaux et permettant une vitesse de pointe de 60 km/h, bien suffisante au vu du réseau routier de l’époque.

Pour son premier millésime, la 5HP n’est disponible qu’en torpédo deux places. Elle n’est équipée que d’une seule portière située côté passager, le côté conducteur étant réservé au montage de la roue de secours. La partie arrière adopte une forme « cul de poule » et reçoit un coffre surmonté d’un couvercle. Au-dessus de celui-ci sont installés des supports permettant le montage d’une malle supplémentaire. 

Elle casse les codes…

Cette nouvelle Citroën est proposée au tarif imbattable de 8 500 francs tout en ayant l’insolence d’offrir un démarreur et des phares électriques de série. La production démarre tranquillement au printemps 1922 pour une commercialisation durant l’été. Le succès est immédiat. Le prix de vente est alléchant, le coût à l’entretien est raisonnable et les prestations en matière de confort sont loin devant celles d’un cyclecar. Les premiers exemplaires se reconnaissent à leur capot muni de trois fentes latérales et à leur couleur jaune clair qui vaudra d’ailleurs rapidement à la 5HP de recevoir l’affectueux surnom de « Petite Citron ».  

À l’occasion du salon de Paris 1922, la gamme s’étoffe d’une version cabriolet. Plus cossue, elle possède des vitres descendantes, ainsi qu’un pare-brise en deux parties pouvant être entrebâillé. Notons également que le capot reçoit désormais seize fentes latérales. Durant cet événement, les commandes vont commencer à s’envoler grâce à la mise en place d’une formule de crédit innovante. Ainsi, la clientèle s’amplifie et les cadences de production font plus que doubler. 

Au salon de 1923, un nouveau torpédo à trois places apparaît. Il est doté d’une configuration pour le moins curieuse : en plus de celui réservé au conducteur, un second siège est installé, en décalé, à l’arrière de la voiture. Quant au troisième occupant, il se retrouve à devoir se satisfaire d’un sommaire strapontin à la droite du chauffeur. Cet aménagement spécifique imposa de redessiner la partie arrière de la voiture en l’élargissant. Ainsi, le coffre peut être conservé en l’installant à gauche du passager arrière.

En 1924, la 5HP est équipée d’un nouveau châssis plus long et reçoit l’appellation de Type C3. Cette modification engendre un allongement de l’empattement de dix centimètres. Ainsi, il est désormais possible de concevoir une nouvelle variante à trois places à l’intérieur de laquelle chaque passager peut conserver sa dignité. Cette nouvelle version, apparue en octobre, va être celle qui restera la plus présente dans les mémoires. Elle reçoit le nom de Trèfle du fait de la disposition de ses trois assises rappelant celles des feuilles du végétal éponyme.  

Grâce à cette nouvelle plate-forme, la 5HP peut également se transformer en utilitaire. Très sobrement appelée Voiture de Livraison par le catalogue de la firme de Javel, elle reçoit vite le surnom plus attachant de Boulangère. Elle se base sur une 5HP Trèfle amputée de son habitacle arrière et à la place duquel est greffé un fourgon. Il est équipé de deux portes battantes et peut accueillir 125 kg de charge utile.

…et gagne les cœurs !

L’autre bouleversement que provoque la petite Citroën est d’ordre sociologique. La gent féminine y voit en effet une monture idéale, maniable grâce à ses dimensions contenues, simple à l’usage grâce à son démarreur électrique et bourrée d’un indescriptible charme. En résumé, la 5 HP est la première voiture qui leur aille aussi bien. Citroën l’a très vite compris et les photos illustrant les catalogues publicitaires se retrouvent vite pourvues de jolis mannequins coiffés et habillés selon les toutes dernières tendances des ces fameuses Années Folles.  

En dépit de sa coquetterie et de son succès, la 5HP ne dégage pas de rentabilité suffisante. Citroën mitonne déjà son prochain coup de maître en lançant l’étude de la fameuse carrosserie Tout Acier. Ainsi, une place conséquente doit être laissée aux futurs modèles sur les chaînes de production. L’idée de lancer une 5HP Tout Acier est suggérée, mais passe rapidement aux oubliettes. 

Au mois de juin 1926, la dernière 5HP est assemblée après plus de quatre-vingt-mille exemplaires produits. Premier grand succès populaire de Citroën, elle fut également le premier modèle de la jeune marque à attendrir les foules. Au chapitre de la fiabilité et de la robustesse, elle fut carrément bluffante ! Il n’était en effet pas rare de la croiser encore sur les routes de campagne à la fin des années 1950…

Texte : Aurélien Charle

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