Lancia Aurelia B24 Spider : à la conquête de l’Ouest
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Lancia Aurelia B24 Spider : à la conquête de l’Ouest

Par Paul Clément-Collin - 21/05/2019

La Lancia Aurelia B24 Spider est sans doute l’une des plus jolies voitures dessinées dans les années 50. Produite pendant seulement deux millésimes, elle est particulièrement rare aujourd’hui mais surtout très recherchée par les collectionneurs. Dérivée de l’Aurelia B20 GT, le fameux coupé conduit par Arturo Benedetto Giovanni Giuseppe Pietro Arcangelo Alfredo Cartoffoli dé Milano dans l’Affaire Tournesol, elle en reprend les qualités dynamiques et techniques tout en s’offrant une superbe carrosserie dessinée par Pininfarina : un concept gagnant qui fera d’elle une légende.

Le prototype de la Lancia Aurelia B24 Spider en 1954. Notez l’absence de pare-chocs !

Depuis le début des années 50, l’Aurelia se décline en berline, coupé ou cabriolet et affirme la renommée de Lancia sur le créneau du raffinement et de la sportivité. La direction du constructeur piémontais lorgne désormais vers l’Amérique que les anglais ont déjà commencé à investir avec leurs petits roadsters bon marché. C’est dans cette optique qu’une déclinaison “Spider” va être décidée, essentiellement destinée aux Etats-Unis.

Séduire les américains

Pour séduire la clientèle d’outre-Atlantique, Pininfarina va doter l’Aurelia B24 Spider d’une caractéristique typiquement américaine : un pare-brise panoramique qui fait déjà le succès de la Chevrolet Corvette (C1) depuis 1953. Le V6 de l’Aurelia GT est légèrement retravaillé pour pouvoir rentrer sous le capot plus bas de l’Aurelia Spider. Avec ses 2,4 litres de cylindrée, il développe entre 108 chevaux (pour les versions américaines, surnommées “America”) et 118 chevaux (pour les versions européennes). Les versions américaines sont en conduite à gauche (Spider B24S, S pour sinistra qui veut dire gauche en italien), tandis que les versions européennes (B24) sont en conduite à droite : en ces années 50, les choses ne sont pas figées en Europe, et les conduites à droite sont encore l’apanage des voitures de luxe ou de sport.

Stylistiquement, c’est une réussite : l’équilibre des lignes est parfait, avec suffisamment de rondeurs pour suggérer la puissance, et cette calandre magnifiquement encadrée par des pare-chocs très stylisés en deux parties. Elle se révèle être un vrai spider avec un équipement minimaliste, voire spartiate. Cela n’empêche pas Lancia de la positionner très haut de gamme, avec un tarif élitiste.

Un vrai spider

Si l’Aurelia B24 Spider séduit par sa ligne et par son comportement sportif, elle reste inaccessible pour bien des conducteurs américains qui lui préfèreront soit des Corvette, soit des roadsters anglais. Cela explique sa faible diffusion : avec 240 exemplaires fabriqués entre 1954 et fin 1955, dont 181 B24S (surnommés “America”) et 59 B24 (conduite à droite donc).

240 voitures produites ne veut pourtant pas dire que 240 voitures furent mises à la route. Les derniers exemplaires de B24S fabriqués dans les ateliers de Lancia devaient traverser l’Atlantique dans les cales du Paquebot Andrea Doria. Le 25 juillet 1956, alors que le bateau italien s’approche des côtes américaines, un épais brouillard limite grandement la visibilité. L’Andrea Doria entrera en collision avec un vapeur suédois, le Stockholm, tuant sur le coup 51 personnes. Rapidement, la décision d’évacuer le paquebot est prise, limitant ainsi les pertes humaines. Cependant, le navire italien finira par sombrer, emportant au fond de la mer les 30 Spider B24S mais aussi le concept-car Chrysler Norseman prévu pour les salons américains.

Une rareté aujourd’hui

Malgré cette perte, les Lancia Aurelia B24 Spider ont réussi à traverser le temps : on estime qu’il reste encore 150 exemplaires en circulation. A partir de 1956, l’Aurelia B24 Cabriolet remplace le Spider. Plus confortable, plus pratique et mieux équipé, il est aussi vendu moins cher, mais il perd la pureté du Spider avec des pare-chocs en une seule partie, son pare-brise traditionnel et ses vraies fenêtres en verre. Produit entre 1956 et 1958 à 541 exemplaires, il est bien moins recherché que le Spider.

Aujourd’hui, une Aurelia B24 (conduite à droite) cote plus de 500 000 euros quand la B24S (conduite à gauche) peut monter au-delà du million d’euros. Autant dire qu’elle n’est pas à la portée de tout le monde. Comme à l’époque, elle se réserve à une élite financière mais un peu de chance au Loto ou à l’Euromillion pourrait vous faire rentrer dans le petit cercle des propriétaires du Spider B24.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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