Mercedes-Benz 560 SEC : éternelle référence
YOUNGTIMERS
ALLEMANDE
COUPÉ
MERCEDES-BENZ

Mercedes-Benz 560 SEC : éternelle référence

Par Nicolas Fourny - 19/11/2024

« En ce temps-là, il n’existe pas de machine plus compétente pour abattre mille kilomètres en une journée, dans de telles conditions de sécurité et de confort »

Longtemps dans le creux de la vague – tel est, hélas, le destin usuel des automobiles de luxe –, les coupés Mercedes de la série C126 commencent toutefois à intéresser les amateurs de youngtimers, qui en (re)découvrent peu à peu l’élégance et le charisme. Chef-d’œuvre absolu de Bruno Sacco, le modèle incarne à lui seul la quintessence du style stuttgartois de ce temps-là, impérieux mais sans lourdeur, opulent mais sans vulgarité, bourgeois mais sans frilosité. La notion d’intemporalité, si galvaudée aujourd’hui, semble pour une fois amplement justifiée : à l’instar de leurs aînées, ces voitures étaient dès leur naissance vouées à devenir un jour de grandes classiques. Quarante ans plus tard nous y sommes et, quel que soit le V8 que vous choisirez – aucune SEC ne comptant moins de huit cylindres – de grands bonheurs vous attendent ; et ceux-ci seront carrément indépassables s’il s’agit du pinacle de la gamme, nous avons nommé la 560 !

La (vraie) meilleure voiture du monde

Salon de Francfort 1981. Après l’intérim en demi-teinte assuré dix années durant par la SLC, Mercedes donne enfin une descendance véritable aux glorieux coupés de la série W111, renouant ainsi avec la tradition des dérivés à deux portes issus de la Classe S. Cette fois, il ne s’agit plus d’une SL à empattement long et à toit fixe : le nouveau modèle – ce dont témoigne son code interne, C126 – dérive directement de la berline Classe S dévoilée à l’automne de 1979 et qui, dans sa version sommitale, la 500 SEL, est déjà considérée par certains observateurs comme la meilleure berline du monde, surpassant à plusieurs égards les Rolls-Royce Silver Spirit et Bentley Mulsanne. Ayant renoncé à la lourdeur et à l’ostentation chromée de la W116, la nouvelle S-Klasse impressionne autant par l’harmonie d’un design veuf de toute ostentation que par ses qualités routières, sans parler d’une gamme de motorisations susceptible de répondre à la plupart des besoins d’une clientèle substantiellement exigeante. Au sommet de celle-ci, on trouve le V8 5 litres M117 qui, de façon confidentielle, avait fait les beaux jours des éphémères 450 SLC 5.0 puis 500 SLC. D’une cylindrée exacte de 4973 cm3, ce groupe tout alu n’en est pourtant qu’aux prémices de son développement. Sur les premières 500 SE/SEL, il développe avec bonhomie 240 ch à 5000 tours/minute – mais va perdre rapidement 9 ch en vertu du vertueux « programme d’efficacité énergétique » mis en œuvre dès l’année-modèle 1982 sous la pression des Grünen allemands, offusqués par cet indécent étalage de puissance…

Le coup de maître de Bruno Sacco

Pour autant, même avec « seulement » 231 ch, la berline 500 présente un bilan général bien plus favorable que feue la sauvage 450 SEL 6.9 et atomise littéralement la concurrence, BMW 745i et Jaguar XJ12 en tête. Et c’est ce même moteur que l’on retrouve en octobre 1981 sous le capot du plus puissant des deux coupés, dénommé 500 SEC. Bâtie sur un empattement raccourci de 85 millimètres par rapport à la berline « châssis court », l’auto parvient à sublimer le design d’icelle et, en dépit de dimensions très généreuses pour sa catégorie, présente un profil presque aérien, dont l’architecture pillarless chère à la marque renforce encore la grâce. De fait, la transformation s’avère particulièrement réussie et, si les 380 et 500 SEC – 4,91 mètres de long, 1,82 mètre de large – pourraient être assimilées par des esprits chagrins à de simples berlines deux portes, car plus volumineuses que les Jaguar XJ-S, Porsche 928 ou BMW Série 6, elles s’inscrivent sans ambages dans la catégorie des grand tourers européennes, avec les avantages d’une habitabilité relativement généreuse à l’arrière ainsi que d’une capacité d’emport supérieure à la moyenne. Bien sûr, on n’achète pas ce genre de voiture en se préoccupant avant tout du volume du coffre mais, pour un coupé susceptible d’accueillir quatre passagers et destiné aux grandes randonnées autoroutières, ce « détail » n’est pas forcément dénué d’importance.

La préférée des pilotes

Comme à la grande époque des coupés W111, l’auto acquiert très vite son statut de référence absolue dans sa catégorie. D’une fiabilité métronomique, mieux finie qu’une Jaguar, plus habitable qu’une Porsche et plus raffinée qu’une BMW, elle demeure certes moins véloce que les XJ-S V12 (295 ch), 928 S (300 ch) ou 635 CSi (218 ch) mais, à la vérité, ceux qui la plébiscitent ne se recrutent que rarement chez les obsédés du chronomètre. Comme toute Mercedes qui se respecte, la 500 SEC personnifie une forme de synthèse proche de l’idéal et, de longues années durant, va rester le meilleur choix pour ceux qui désirent se déplacer rapidement d’une métropole à l’autre (et, accessoirement, devenir la monture favorite de plusieurs pilotes de Formule 1). En ce temps-là, il n’existe tout bonnement pas de machine plus compétente pour abattre mille kilomètres en une journée, dans de telles conditions de sécurité et de confort – avec, de surcroît, la sensation si rassurante de toujours disposer d’une confortable réserve de puissance en cas de besoin. Pourtant, la concurrence ne reste pas inactive ; Porsche et BMW fourbissent des évolutions à quatre soupapes par cylindre de leurs moteurs de pointe tandis que, chez AMG, encore indépendant de Mercedes à ce moment-là, ceux qui reprochent une certaine pusillanimité mécanique à la 500 SEC de série peuvent se tourner vers la maison d’Affalterbach pour se procurer des évolutions autrement plus épicées (nous songeons en particulier au très beau V8 à 32 soupapes présenté dès 1984)…

Rien ne remplace les centimètres cubes

À l’automne de 1985, la Daimler-Benz procède à un restylage minimaliste de la série 126, qui concerne aussi bien les berlines que les coupés. Comme souvent chez les constructeurs allemands, ce rajeunissement ne révolutionne pas la physionomie des modèles concernés, ce qui présente l’avantage de ne pas ringardiser leurs prédécesseurs. C’est sous les capots que surviennent les évolutions les plus marquantes ; à l’exception des 500, tous les moteurs sont remplacés ou bénéficient d’un accroissement de leur cylindrée. Néanmoins, Stuttgart n’en reste pas là et décide de pousser la plaisanterie plus loin ; l’apparition prochaine d’une certaine BMW 750i à moteur V12 n’est certainement pas étrangère au sursaut d’orgueil qui aboutit à la présentation, au Salon de Francfort, des nouvelles 560 SEL et SEC, dont le V8, s’il se refuse encore à céder à la vogue des multisoupapes, a plutôt choisi d’accroître ses capacités thoraciques. Si la logique nomenclaturale avait été respectée, il aurait fallu parler de « 550 », car le M117, par le biais d’un ultime réalésage, atteint désormais 5547 cm3 – mais qu’importe ; le message adressé à la firme bavaroise est très clair et c’est bien là tout ce qui compte, même si les progrès accomplis en termes de puissance réelle doivent être nuancés. Car, en effet, la 560 SEC fait irruption sur le marché à un moment où la catalysation est encore loin d’être généralisée. En fonction des obligations réglementaires, des marchés et des cylindrées, le client potentiel peut de la sorte constater des écarts de puissance parfois considérables en fonction de la présence ou non du fameux catalyseur – synonyme, dans presque tous les cas, d’une régression plus ou moins significative.

Un moteur, trois puissances

Et, dans le cas du V8 « 560 », la situation est encore plus complexe car Mercedes va décliner le M117 ainsi gréé en trois niveaux de puissance ; 242 ch pour les marchés exigeant les niveaux de dépollution les plus élevés, comme le Japon ou les États-Unis ; 279 ch pour les versions européennes catalysées, dénommées « KAT » ; et enfin, 300 ch pour les versions « sales », baptisées « ECE » pour les connaisseurs et développées par exemple pour le marché français qui, jusqu’en 1989, continuera d’homologuer des moteurs non catalysés. Ce sont bien sûr ces dernières qui sont les plus désirables : libéré de l’étouffoir environnemental, le gros 5,5 litres ne se fait pas prier pour délivrer des performances toujours respectables de nos jours. 250 km/h en pointe, le kilomètre départ arrêté en 26,9 secondes, le 0 à 100 en 7,2 secondes : ce sont là des chronos d’autant plus remarquables que la voiture n’a rien perdu de sa facilité de conduite et de son confort postural ou acoustique. Remettant les pendules à l’heure vis-à-vis de la concurrence (l’auto peut dorénavant s’attaquer sans complexes à une Ferrari 412), elle est simplement beaucoup plus rapide que l’ancienne 500 – le V8 5 litres profitera cependant d’une puissance accrue en fin de parcours – et, si vous rêvez d’un coupé SEC, c’est bien la 560 « polluante » qu’il faut privilégier. D’autant que (mais pour combien de temps encore ?) sa cote reste très raisonnable au regard de ses prestations d’ensemble. Qui l’eût cru ? La meilleure voiture du monde est peut-être aussi l’affaire du siècle…

5547 cm3Cylindrée
300 chPuissance
250 km/hVmax



Texte : Nicolas Fourny

Autos similaires en vente

Mercedes-benz Sl 500
Mercedes-benz Sl 500
Mercedes-benz Sl 500
Mercedes-benz Sl 500
Mercedes-benz Sl 500
2002 / Automatique / 75 500 km
21 000 €
Mercedes-benz 280 Sl W113
Mercedes-benz 280 Sl W113
Mercedes-benz 280 Sl W113
Mercedes-benz 280 Sl W113
Mercedes-benz 280 Sl W113
1994 / Automatique / 78 251 km
28 000 €
Mercedes-benz 320 E W124
Mercedes-benz 320 E W124
Mercedes-benz 320 E W124
Mercedes-benz 320 E W124
Mercedes-benz 320 E W124
1994 / Automatique / 316 550 km
15 500 €
Mercedes-benz G400 Cdi
Mercedes-benz G400 Cdi
Mercedes-benz G400 Cdi
Mercedes-benz G400 Cdi
Mercedes-benz G400 Cdi
2004 / Automatique / 125 999 km
49 990 €

Carjager vous recommande

Nicolas Fourny / 29 avr. 2025

Mercedes-Benz E 50 AMG : une héritière de transition

« Les voies élargies, l’assiette surbaissée et les superbes jantes AMG de 18 pouces s’accompagnent d’un kit carrosserie tapageur pour l’époque »
ALLEMANDE
BERLINE
MERCEDES-BENZ
Nicolas Fourny / 14 mars 2025

Mercedes-Benz SL R129 : la grande classique de demain

« Tout à la fois confortable, rapide et dotée d’excellentes qualités routières, la R129 se caractérise avant tout par une sophistication hors normes pour l’époque »
ALLEMANDE
CABRIOLET
MERCEDES-BENZ
Nicolas Fourny / 11 oct. 2024

Mercedes-Benz Classe S coupé C140 : un trésor caché

« Puissamment charpentés, les nouveaux SEC sont plus longs de quinze centimètres et plus larges de sept centimètres que ceux qu’ils remplacent »
ALLEMANDE
COUPÉ
MERCEDES-BENZ
Nicolas Fourny / 16 août 2024

L'art de vivre en Mercedes 200 Diesel

« La 200 D n’avait-elle pas raison avant tout le monde, en prônant la nonchalance et la douceur de vivre en un temps où tout n’est que frénésie stérile et précipitation mortifère ? »
ALLEMANDE
BERLINE
MERCEDES-BENZ
Nicolas Fourny / 10 mai 2024

Mercedes-Benz SL R107 : il était une fois en Amérique

« La 380 SL distribuée aux clients américains présente des différences significatives par rapport à son équivalent européen, à commencer par son moteur »
ALLEMANDE
CABRIOLET
MERCEDES-BENZ
Nicolas Fourny / 29 mars 2024

Mercedes-Benz 190 E 16 soupapes : une sportive à redécouvrir

« Extrêmement bien construite, jouissant d’une finition digne de son blason, l’auto a connu un véritablement engouement jusqu’à la fin d’une décennie dont elle demeure l’un des emblèmes, ce qui la rend délicieusement datée aujourd’hui »
ALLEMANDE
BERLINE
MERCEDES-BENZ
Nicolas Fourny / 19 mars 2024

Mercedes-Benz 500 E : un volcan sous une robe de bure

« Il aura fallu deux ans aux équipes de Weissach, en collaboration étroite avec leurs homologues d’Untertürkheim, pour adapter la coque de la 300 E aux contraintes inédites imposées par la greffe du gros huit-cylindres »
ALLEMANDE
BERLINE
MERCEDES-BENZ
Nicolas Fourny / 18 déc. 2023

Mercedes-Benz SLR McLaren : un rêve inachevé

« L’idée ne consistait certainement pas à imaginer une sorte de F40 à l’allemande, l’ascétisme de l’habitacle de la Ferrari se trouvant à mille lieues des us et coutumes en vigueur à Stuttgart »
ALLEMANDE
COUPÉ
MERCEDES-BENZ
Nicolas Fourny / 26 sept. 2023

Mercedes-Benz 450 SEL 6.9 : le dragster de Stuttgart

« La démesure de son moteur, la férocité de son comportement, l’indécence de sa consommation ratifient sa folie et, en définitive, cette folie se révèle diablement séduisante »
ALLEMANDE
BERLINE
MERCEDES-BENZ

Vendre avec CarJager ?