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Renault Espace I : le coup de génie de Matra

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 18 juil. 2019

On peut ne pas aimer les monospaces pour leur image de boîte à 4 roues pas sportive pour un sou, mais il faut bien reconnaître que, contrairement aux SUV, cette catégorie d’automobiles répondait à un besoin, au point d’envahir le marché après des débuts laborieux. Renault fut le pionnier du genre en lançant en 1984 l’Espace qui deviendra rapidement l’exemple à suivre en Europe. Petite histoire du “van” à la française.

Le prototype P17 (en haut) et P18 (en bas, destinés à Peugeot Après le P17 (photo de couverture) le P18 est encore très marqué Peugeot/Talbot !

Revenons dans les années 70, à Romorantin. Après avoir débuté avec la Djet de René Bonnet puis la 530 qui devait être la “voiture des copains”, Matra rencontre enfin le succès commercial avec la Bagheera. Avec cette voiture commence la collaboration technique avec Simca, mais aussi capitalistique : la marque de Poissy, filiale de Chrysler Europe, en possède désormais 45 %. La petite entreprise est agile et le duo Philippe Guédon (à la technique) / Antoine Volanis (au design) a des idées. 

Le P23, dernier proto de la série, est déjà proche de ce que sera l’Espace, et se base sur une Renault 18, abandonnant toute référence Peugeot/Talbot !

Après le véhicule de loisir, le minivan

Guédon flaire le bon coup avec le véhicule de loisir : il lance avec un certain succès en 1977 le Rancho sur base Simca 1100 (enfin, sa version utilitaire VF2). Ce succès le conforte dans l’idée qu’il existe une demande pour des véhicules plus pratiques et plus en phase avec les aspirations des familles qu’une grande berline classique, fut-elle en version break. A cette période, les avis divergent : la légende officielle veut que Philippe Guédon soit revenu d’un voyage en amérique avec le sentiment que le “van” américain pourrait, avec quelques améliorations, devenir “le véhicule de ses rêves”. Il se pourrait bien que l’inspiration vienne effectivement d’Amérique mais de façon plus basique : le bureau de design de Chrysler Europe planchait déjà sur une sorte de minivan destiné à l’Europe (lire à ce sujet : les origines du Renault Espace), projet qui finira par se retrouver chez Matra.

Quoi qu’il en soit, que l’idée vienne de Guédon, de Chrysler (qui lancera le Voyager 6 mois avant l’Espace), ou des deux, la vraie innovation ne viendra pas du style “monovolume” sublimé par un Volanis inspiré par le TGV, mais de ce qu’il y a dedans : un intérieur vaste, au plancher plat et totalement modulaire : un concept spécifique au projet Matra, qui révolutionnera l’automobile pour 30 ans.

Le refus de Peugeot par manque de moyens

Une autre légende existe : Peugeot aurait refusé le projet, n’y croyant pas. Il faut remettre dans le contexte cette affirmation erronée. En 1979, PSA rachète Chrysler Europe, pensant faire une bonne affaire : dans le lot, la participation dans Matra (les fameux 45 % de Simca). Les premiers prototypes (projet P16, P17 et P18) sont tous issus de la banque d’organes PSA et les dirigeants du groupe suivent avec intérêt le projet. C’était sans compter la crise du marché automobile, consécutive à la deuxième crise pétrolière, que PSA se prend de plein fouet. En difficulté avec sa nouvelle marque Talbot, peinant à redresser les comptes, et alors que toutes les ressources sont affectées à deux projets majeurs (qui sauveront le groupe), la Citroën BX et la Peugeot 205, PSA n’a pas les moyens de se lancer dans un projet qui semble encore une niche.

PSA va alors prendre des décisions drastiques : arrêter les frais de la Formule 1 puis vendre sa part dans Matra Automobile, pour enfin refuser, sans doute la mort dans l’âme, le projet du monospace en 1982. L’équipe de Matra, elle, se retrouve dans une situation difficile : la Rancho arrive en fin de carrière, la Murena va bientôt être stoppée, il faut trouver un donneur d’ordre qui sauverait l’entreprise. Guédon va donc se tourner vers Renault et son PDG, Bernard Hanon, avec le projet de l’Espace (à partir du prototype P20 jusqu’au dernier, le P23, proche de l’Espace définitive). Adieu les pièces Simca/Talbot ou Peugeot, place à une plateforme de Renault 18, un train avant de Fuego, ainsi qu’à une ligne plus acérée et particulièrement inspirée. 

Renault dit banco à l’Espace

Renault présente donc l’Espace en 1984. Loin d’être une voiture low cost, l’Espace s’offre dès son lancement avec deux motorisations plutôt “haut de gamme”, le 2 litres carbu de 110 chevaux en essence (une puissance respectable, surtout pour une “camionnette”) et le 2,1 litres turbodiesel de 88 chevaux. Si la voiture impressionne, elle décontenance la clientèle qui ne sait pas trop quoi penser de cette voiture bizarre. Les premiers mois de commercialisation sont catastrophiques, au point de faire passer l’Espace pour un accident industriel comme Renault n’en connaîtra plus avant l’Avantime (autre projet Matra). 

L’Espace reçoit un restylage en 1988

Il faudra toute la persévérance de la direction de Renault et la persuasion de celle de Matra pour continuer coûte que coûte. Petit à petit, l’Espace s’impose dans le paysage routier, pour devenir un objet de désir pour toute famille de plus de 2 enfants. Quatre ans plus tard, en 1988, le monospace au losange est définitivement entré dans les moeurs et s’offre un restylage pour une ligne plus moderne. L’offre moteur s’élargit aussi avec un 2 litres carbu ramené à 103 chevaux et un 2 litres injection porté à 120 chevaux, le turbodiesel restant d’actualité sous sa forme initiale. Une version à transmission intégrale appelée Quadra vient compléter la gamme.

La rare version Quadra à transmission intégrale

Après des débuts difficiles, place au succès

Le succès est tel que l’usine de Romorantin ne peut plus assumer seule la charge de la production de l’Espace I au point qu’il faudra utiliser l’usine Alpine de Dieppe en renfort. En 1991, une nouvelle version de l’Espace est présentée au public, et l’Espace I tire sa révérence après 191 694 exemplaires. Malheureusement, la voiture ne connaîtra jamais l’Amérique alors que le Berex et les équipes Matra planchaient dessus dès le départ : la vente d’AMC/Jeep à Chrysler en 1987 privant l’Espace des grands espaces de l’Ouest.

Aujourd’hui, l’Espace I commence à devenir un objet de collection, surtout en phase 1, en général et dans ses premières exécutions (1984/1985) en particulier. Si le monospace de Renault n’est pas rare, il reste difficile d’en trouver en bon état et le challenge peut se révéler aussi passionnant qu’en cherchant une ancienne. Au pire, un état moyen vous permettra de vous offrir un daily driver étonnant encore aujourd’hui, spacieux et bien évidemment modulable.

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