Alfa Romeo 2600 Sprint : à l’ombre de la Giulia
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Alfa Romeo 2600 Sprint : à l’ombre de la Giulia

Par Paul Clément-Collin - 09/07/2019

Alors que la Giulietta avait montré la voie à Alfa Romeo dans un positionnement milieu de gamme sportif et un poil luxueux, la marque au Biscione ne désespère pas de maintenir sa place un peu plus haut dans la gamme avec l’Alfa Romeo 2000 déclinée en berline, spider et Sprint (coupé). Mais au début des années 60, Alfa décide d’aller encore plus loin en offrant à son porte-étendard un 6 cylindres tout de même plus valorisant et surtout plus performant. Tout comme la 2000, la 2600 sera déclinée en berline, spider et Sprint. C’est cette dernière qui nous intéresse aujourd’hui.

La 2600 Sprint reste assez proche stylistiquement de la 2000 Sprint. Normal, elle en reprend le dessin fabuleux du jeune Giorgietto Giugiaro oeuvrant alors chez Bertone. Il aurait été dommage de s’en passer d’autant qu’il rappelle furieusement le futur best-seller de la marque, la Giulia Sprint (dite coupé Bertone) qui sera dévoilée un an plus tard. La 2600 Sprint sera une sorte de brouillon pour Giugiaro, s’exerçant sur elle malgré des proportions moins “idéales” que sa future petite soeur Giulia.

La course à la puissance et aux cylindres

Lancée en 1961, la 2600, quelle que soit sa version, n’est qu’une évolution de la 2000 dont elle reprend le châssis et les différentes carrosseries (dont le Spider, dessiné par Touring). Cependant, l’arrivée de ce 6 cylindres est une véritable nouveauté. La 2000 pêchait par ses performances. Difficile pour le 4 cylindres de 105 chevaux de rendre cette voiture sinon sportive, du moins véloce. Avec le 6 cylindres de 2 584 cc, la 2600 Sprint s’offre 145 chevaux bien plus volontaires pour emmener les 1 280 kg du coupé à 200 km/h.

Malgré tout, la 2600 Sprint reste une grande bourgeoise plus qu’une vraie sportive. On la traiterait de Grand Tourisme aujourd’hui, tant elle préfère les longues distances que les virages serrés dans lesquels elle tangue plus qu’elle ne tourne. D’ailleurs, le 6 cylindres en ligne (le dernier pour Alfa qui, par la suite, passera au V6 sur l’Alfa 6, sa lointaine descendante) n’a pas cette personnalité haut dans les tours comme toute Alfa qui se respecte. Avec lui, la 2600 roule tout en souplesse, sur le couple plus que sur la puissance pure.

Abandonnée même par Alfa

Luxueusement équipée, la 2600 Sprint est plutôt bien placée face à la concurrence mais malgré tout, la clientèle peine à se laisser séduire. Etrangement, elle préfère se ruer sur la petite Giulia bien plus sexy. Et puis la 2600, bien que présentée comme une nouveauté, n’est qu’une évolution de la 2000 datant de 1958. Pire, même Alfa Romeo semble baisser les bras pour une raison simple : la Giulia occupe toutes ses pensées et tout son réseau. L’heure du luxe semble passée pour la marque milanaise.

Alfa Romeo mettra un terme aux 2600 en 1968 après ce qu’on appellerait un flop retentissant. La berline, qui devait représenter l’essentiel des ventes, arrête son compteur à 2 038 exemplaires. Il y eut bien une tentative d’une 2600 Deluxe réalisée par Osi en 1965, encore plus haut de gamme, mais ce fut encore pire avec 54 exemplaires seulement. Le Spider, quant à lui, ne sera fabriqué que jusqu’en 1965, à 2 257 unités. Seul le Coupé Sprint rencontra un peu les faveurs du public : 6 999 clients se laissèrent séduire jusqu’en 1966.

La Sprint tire son épingle du jeu

Les raisons du “relatif” succès de la Sprint ? Sans doute sa parenté stylistique avec la Giulia y est pour quelque chose. Malgré tout, l’expérience “2600” restera un échec, à tel point qu’Alfa mettra plus de 11 ans pour accoucher d’une remplaçante, la 6 (qui elle aussi sera un échec malgré son brillant V6 Busso). Malédiction d’Alfa en haut de gamme ? Enfermement sur le marché des berlines moyennes à vocation sportive concurrente de BMW ? Sans doute un peu de tout cela.

En attendant, même s’il est toujours difficile de trouver une 2600 Sprint en bon état (rareté du modèle mais aussi rouille, voire mauvais entretien), le modèle reste particulièrement désirable. Sa face avant à double phare, sa ligne fluide et plongeante, moins agressive qu’une Giulia, plus en douceur, son L6 agréable avec sa boîte 5 vitesses et son haut niveau de finition, en font une cible de choix d’autant qu’elle est moins recherchée que sa soeur Spider, ou que son dérivé 2600 SZ Zagato. Une pièce de choix pour Alfiste éclairé, assurément.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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