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Authi Mini: des anglaises à Pampelune

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 18 mars 2017

Aujourd’hui nous sommes samedi, et j’avais envie de vous faire découvrir une petite marque espagnole, pour changer : Authi, pour Automoviles de Turismo Hispano Ingleses. Vous ne connaissiez pas ? Moi non plus, mais Authi (plus souvent nommée aussi Leyland-Authi) l’est pourtant des passionnés de la Mini puisque le constructeur espagnol la produira tout comme Innocenti en Italie.

La naissance de cette marque anglo-espagnole est curieusement la faute de … Renault, indirectement. Dans les années 50, la banque Santander prend le contrôle de Fasa, qui fabrique des Renault en Espagne (lire aussi : Fasa-Renault). Dans une logique de « nationalisation » des véhicules, Santander fait fabriquer les boîtes de vitesse par l’entreprise ISA à Séville (qui sera par la suite rachetée par Fasa), et les moteurs par Nueva Montaña Quijano SA (NMQ), une entreprise de métallurgie située en Navarre et dont la banque est l’un des gros actionnaires : une histoire de famille en somme. Pourtant, petit à petit Santander va se désengager de Fasa, laissant le groupe Fiero, puis Renault dans les années 60, prendre le contrôle du constructeur.

Avec la montée au capital de Fasa par Renault va suivre une réorganisation industrielle, et Fasa va récupérer la fabrication de ses moteurs en interne, laissant NMQ sans débouchés pour son activité de motoriste. Ses dirigeants vont donc démarcher d’autres constructeurs désireux d’investir le marché espagnol, difficile d’accès à cause de lois protectionnistes. C’est l’anglais British Motors Corporation qui va répondre favorablement, et après avoir obtenu l’aval du ministère de l’Industrie, Authi sera fondée en novembre 1965.

Le premier modèle produit par Authi sera la MG 1100/1300 (ADO16), lancé en janvier 1967. Peu de temps après, en octobre 1968, la marque espagnole lancera la Mini 1275 C (ADO 15), une version espagnole spécifique dotée du moteur de la MG 1300, un 1275cc de 57 chevaux. Cette 1275 C s’avère bien plus luxueuse que ses homologues anglaises, avec son intérieur cuir et son tableau de bord en ronce de noyer. Mais d’une certaine manière, cette Mini ibère est bien trop chère pour le marché espagnol, et il va falloir élargir la gamme vers le bas.

C’est en 1969 qu’est lancée en Espagne la Mini 1000 en deux version, Standard et Especial, tandis que British Leyland Motors Corporation (BLMC, le nouveau nom de BMC) prends 51 % du capital. La fabrication va être rapatriée dans une nouvelle usine, quittant Pampelune pour San Fernando de Heranes. Les anglais vont alors s’impliquer vraiment dans la gestion d’Authi, qui prend le nom de Leyland-Authi. Pour élargir encore la gamme, Authi va lancer en janvier 1970 une version encore plus accessible, la Mini 850 (ADO 15), et en octobre, la 1275 GT (ADO 20) qui remplace la 1275 C d’origine. Cette 1275 GT est différente de la version anglaise pas sa carrosserie (lire aussi : Mini 1275 GT).

En 1972, c’est au tour de la MG 1100/1300 de rendre les armes. La voiture sera remplacée par l’Authi Victoria. Cette voiture est en fait la version espagnole de l’Austin Apache, un véhicule dessiné par Michelotti dans le style de la Triumph Dolomite (lire aussi : Triumph Dolomite) et choisit par la filiale sud-africaine Leykor pour remplacer les 1100/1300 en 1971. De ce fait, les Victoria et Apache ne seront fabriqués qu’en Espagne et Afrique du Sud, et nul part ailleurs.

En 1973, BLMC prend le contrôle total de l’entreprise, et lance la Mini 1300. Les ventes sont alors à leur apogée, avec 43 318 exemplaires cette année là (contre 18 570 en 1970. Malheureusement, cette année-là, la crise pétrolière touche aussi l’Espagne. Les ventes des Victoria et Mini 1300 s’effondrent, tandis que les autres Mini pâtissent d’un réseau incapable d’assurer un service après-vente digne de ce nom. Les mécanos les trouvent trop compliquées, en comparaison des Renault-Fasa ou Seat. La réputation de la marque en souffrira beaucoup. En 1974, les ventes retombent à 30 763 exemplaires, puis à 15 121 voitures en 1975. BLMC est alors en difficulté aussi en Grande Bretagne, et va décider de se séparer de son encombrante filiale espagnole en déclarant la faillite. Pour sauver l’emploi, le gouvernement espagnol va faire pression sur Seat pour racheter l’usine alors qu’elle-même souffre sur le marché. C’en sera terminé d’Authi, qui restera seulement connue des espagnols, malgré quelques timides tentatives d’exportation, en Suisse notamment.

Aujourd’hui, conduire une Authi Mini, c’est bien entendu la preuve que vous êtes spécialiste. Déjà, les snobs roulaient en Innocenti, mais là, avec une 1275 C par exemple, vous épaterez la galerie. Ou bien une rare Victoria, histoire de vous la jouer encore plus BR ? Quoi qu’il arrive, c’est en Espagne que vous arriverez à dégoter une Authi, et pas ailleurs. Elles sont généralement entretenues et sauvegardées par des amoureux ibère de la Mini.

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