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Borgward BX7: une renaissance bien timide !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 17 sept. 2015Voir une marque renaître a toujours une saveur particulière pour celui qui, comme moi, aime l’histoire et la culture automobile. En me rendant à Francfort, j’avais donc dans l’idée de m’intéresser de plus près à Borgward, marque allemande disparue en 1961 en Allemagne après avoir été un réel concurrent pour Mercedes dans les années 50. Elle avait disparu après une faillite retentissante et controversée mais avait perdurée jusqu’en 1970 au Mexique, avant de disparaître définitivement (lire aussi : Borgward 230).
Pour le conducteur français des années 50, rouler en Borgward, c’était exprimer aux autres conducteurs sa différence, sa singularité, à l’instar de Saab dans les années 80, tandis que pour le conducteur allemand, c’était une alternative intéressante à Mercedes alors que BMW n’était pas encore ce qu’il est aujourd’hui ! Vous me connaissez, je ne pouvais pas passer à côté d’un revival de ce genre.
Sous cet angle, le BX7 évoque plusieurs SUV déjà commercialisés. Rien de très neuf !La nouvelle société Borgward Group AG, présidée par Ulrich Walker, se veut allemande, et la présentation du premier modèle de cette nouvelle ère devait être présentée en terre allemande : quoi de mieux que Francfort pour cela. Mais malgré les ambitions de la marque d’atteindre une production annuelle de 500 000 exemplaires à moyen terme (avec un rythme de deux lancements de modèles par année à partir du début de la production prévue pour 2016), le stand Borgward n’avait pas grand chose à voir avec ses compatriotes de chez Volkswagen, Mercedes ou BMW. Le stand Alpina qui se trouvait juste à côté paraissait gigantesque à côté, et impossible de bien photographier le nouveau BX7.
Cependant, à entendre les dirigeants de la marque, on peut se demander si Borgward est bien une marque allemande : la première usine est annoncée presque prête… en Chine, où le BX7 sera lancé en premier, avant même l’Europe. Le choix d’un SUV pour ressusciter la marque paraît assez étonnant : on est loin des lignes élancées du coupé Isabella d’antan ! Parlons-en du style d’ailleurs.
La version TS se veut plus sportive, mais avec le même moteur !Difficile de dire que le BX7 est moche : disons plutôt qu’il est banal, me rappelant furieusement la marque israelo-austro-chinoise Qoros, qui comptait conquérir la Chine et l’Europe et dont on n’entend plus trop parler depuis son échec en Slovaquie (lire aussi : Qoros). Style sans saveur, sans audace, sobre et donc sans aucune personnalité ni distinction. D’ailleurs, en visionnant les films de présentation fournis par la marque, chaque nouvel angle de vue donnait l’impression de reconnaître une voiture : parfois un Audi Q5, des airs de Renault parfois aussi (la faut à son logo en losange sans doute), ou de Volkswagen, c’est selon. Une non-prise de risque qui pourrait s’avérer … risquée.
Côté moteur, pas de V6 ou de V8 sous le capot, mais un modeste 4 cylindres de 2 litres développant 204 ch pour un poids de 1675 kilos. Autant dire qu’on est loin de ce que proposent les autres constructeurs allemands dans ce segment. Une version plus dynamique, dénommé TS, laisse espérer plus de watts sous le capot : détrompez-vous, seul le look change un peu pour plus de sportivité. Heureusement, une version hybride (la BX7 Phev) est annoncée à terme, avec une puissance cumulée de 401 ch.
En fait, Borgward annonce se positionner dans le « premium » abordable (???) et revendique le slogan « Modern tradition » : là encore, on sent que la marque n’a pas vraiment tranché entre populaire et premium, entre nom l’histoire et la modernité, autant de petites choses qui peuvent lourdement peser dans la balance pour espérer réussir. Surtout, pour beaucoup de gens y compris en Allemagne, la marque Borgward ne signifie plus rien.
Je trouve la renaissance d’une marque toujours sympathique, et je serais plutôt content de voir Borgward s’installer durablement pour proposer une alternative nouvelle. Mais vu ce premier prototype « prêt à entrer en production », j’ai peur que la réussite ne soit pas au rendez-vous par manque d’innovation, d’audace et sans doute de moyens financiers aussi ! A suivre donc.
Images : Borgward Group AG