Citroën DS Cabriolet Chapron : lettres de noblesse
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Citroën DS Cabriolet Chapron : lettres de noblesse

Par Aurélien Charle - 05/08/2022

Devant un ralentissement de ses activités, Henri Chapron doit se réinventer. Il trouve en la Citroën DS sa plus belle muse et décide de lui offrir une version cabriolet. Citroën dit banco et se fait concevoir un modèle distribué dans son réseau. Figurant parmi les tous derniers carrossiers français de prestige en activité, Chapron continuera de créer indépendamment de somptueuses variantes, achevant de pourvoir la célèbre Citroën de ses lettres de noblesse.


Henri Chapron : Un honnête Levalloisien

Sellier de formation, Henri Chapron apprit les différents métiers de la carrosserie lors d’un grand et long tour de France qu’il fit à vélo, allant de carrossier en carrossier. À la fin de la première Guerre Mondiale, il s’établit à Neuilly-sur-Seine et récupère et retransforme des Ford Model T laissées en surplus par l’armée américaine. Il exerce ensuite ses talents sur de prestigieuses marques à l’instar de Bugatti, Hispano-Suiza ou Rolls-Royce et se fait remarquer par sa créativité et son innovation. Les affaires vont bon train et la carrosserie Chapron s’installe à Levallois en 1923. Il continue de faire des merveilles à partir de nouvelles bases telles Delage ou Panhard et Levassor si bien qu’à la fin des années 1920, la société emploie 350 personnes et sort une moyenne de trois voitures par jour. Henri Chapron ne cesse de faire parler de lui en recueillant tous les suffrages lors des plus grands salons et des plus prestigieux concours d’élégance. Malgré cela, la productivité de la carrosserie se voit fortement perturbée durant la Seconde Guerre Mondiale où ses ateliers se voient réquisitionnés. Les activités se poursuivent néanmoins en fabriquant des poêles à charbon, en adaptant des voitures au gazogène et en réparant les automobiles en circulation.

La 15-Six présidentielle, réalisée par Chapron pour René Coty…

Un vent nouveau… qui a tourné !        

À la fin du conflit, la carrosserie peut redémarrer. Toutefois, le contexte économique est encore très délicat et nombreuses sont les grandes marques automobiles de luxe qui disparaissent. Henri Chapron exerce donc sur des modèles plus humbles, mais la généralisation des carrosseries monocoques dans la production signe la mise à mort des plus grands carrossiers. Chapron subsiste donc, notamment en carrossant les Cadillac des émirs d’Arabie Saoudite. Un formidable coup de publicité arrive cependant en 1956 lorsque le président de la république, René Coty, passe commande d’un landaulet sur base Citroën 15 Six H. Henri Chapron étant l’un des rares carrossiers renommés encore en activité, c’est donc à lui qu’est confiée la conception de ce nouveau véhicule présidentiel. C’est aussi grâce à cette commande que la carrosserie Chapron se rapproche encore plus de Citroën.

Citroën DS Le Caddy et son « créateur », Henri Chapron

Rencontre avec la muse

Au salon de 1955, Henri Chapron est littéralement séduit pas les lignes de la nouvelle Citroën DS 19. Sachant qu’il n’est pas prévu d’en concevoir une version cabriolet, le carrossier décide donc de créer la mouture cheveux au vent qu’elle mérite. Après avoir obtenu le feu vert de Citroën, il conçoit donc le tout premier cabriolet DS présenté ensuite sur son stand au salon de paris 1958. Afin d’harmoniser ses lignes, le modèle a vu ses portières allongées et épaissies et son pare-brise a été rabaissé. Sur la DS, le changement d’une roue arrière ne peut s’effectuer sans le démontage de l’aile. Ainsi, afin de conserver cette configuration, il ne fut pas possible de concevoir des ailes arrière d’une seule pièce. Pour masquer la séparation entre la caisse et l’élément amovible, un large joint chromé fait office de cache-misère assorti aux baguettes disposées sur les flancs. Des panneaux décoratifs ornent également les bas de caisse. Les fameux clignotants en cornet de la berline disparaissent et se retrouvent au bas de la capote sous la forme de petits cabochons. Citroën est séduite par ce premier jet et décide d’entamer une nouvelle collaboration avec Henri Chapron afin de concevoir un nouveau cabriolet destiné à être produit en plus grande série et distribué par le réseau de la marque. Le carrossier poursuit toutefois ses réalisations personnelles et présente même un second cabriolet sur base d’ID 19, notamment reconnaissable à ses déflecteurs de portière. Un nouveau type de cabriolet est ensuite conçu, baptisé La Croisette. Il dispose d’ailes arrière échancrées pouvant désormais être d’une seule pièce, permettant de faire disparaître le joint chromé vertical, bien que, tout comme les déflecteurs de portière, cette transformation reste facturée en supplément. De nouveaux joncs chromés apparaissent également au-dessus des phares. En 1959, un nouveau cabriolet baptisé Le Caddy est présenté. Les premiers exemplaires de ces modèles restent principalement reconnaissables à leurs portières reprenant à l’identique celles de la berline.

La DS Croisette, par Chapron toujours

Le cabriolet « Usine »

Les cabriolets DS « made in Chapron » rencontrent un certain succès et la griffe du célèbre carrossier est un atout non négligeable. Citroën décide donc de lancer son propre cabriolet, fabriqué dans les ateliers d’Henri Chapron. Ce modèle présente des aménagements différents, plus adaptés à une fabrication en série : la partie arrière est rabaissée et entièrement soudée, le pare-brise conserve sa configuration d’origine et les portières, toujours rallongées, ne sont pas épaissies. La voiture reçoit une plate-forme reprenant celle du break ID. La présentation est simplifiée et seuls des sabots d’aile arrière et de discrètes baguettes latérales font figure d’ostentation. Ce nouveau modèle est présenté sur le stand Citroën au salon de Paris en octobre 1960 et suivra les évolutions de la berline.

Le Cabriolet « Usine » conçu par Chapron pour Citroën

Le soleil de Palm Beach

Au salon d’octobre 1962, le cabriolet Palm Beach remplace le La Croisette, jugé trop proche du cabriolet Citroën de série. Le Palm Beach arbore un raffinement supplémentaire non-négligeable : des glaces arrière descendantes. Toujours pour se démarquer de la version usine, la gamme Chapron adopte un nouvel arrière muni d’ailes arrière anguleuses rehaussées et, de ce fait, d’une porte de malle redessinée. Pour le millésime 1968, la gamme DS adopte une nouvelle face avant munie de quatre phares, dont deux directionnels sur les versions les plus cossues. Les productions Chapron suivront cette évolution tandis qu’une partie de la clientèle fait adapter cette modification sur leurs modèles de fabrication antérieure. Face à une baisse de la demande, Chapron se voit obligé d’arrêter la transformation de la DS en cabriolet tandis que Citroën stoppe la production de la version usine en 1971. Une poignée d’exemplaires sera réalisée ultérieurement sur commande spécifique.

La production de la Citroën DS prend officiellement fin le 24 avril 1975 alors que la carrosserie Chapron se trouve dans de sérieuses difficultés. Henri Chapron décède en 1978 tandis que sa femme reprend ses activités. La société ferme définitivement ses portes en 1985.

Jane Birkin dans un Cabriolet Usine

Ne se touche qu’avec les yeux !

Sa fabrication abandonnée, la DS tombe alors dans une quinzaine d’années de désuétude avant de gagner un vif intérêt des collectionneurs dans le courant des années 1990. Lorsque le modèle célébra son cinquantenaire en 2005, les tarifs se mirent à décoller vertigineusement et les cabriolets, déjà peu accessibles, à atteindre des sommets vertigineux. Impossible aujourd’hui niveau prix d’acquérir une version usine en bon état à moins de 150 000€ tandis que les modèles Chapron peuvent allégrement se négocier le double, voire plus en fonction de la rareté du modèle. Il ne nous reste plus que nos yeux pour pleurer et admirer ces œuvres d’art sur les stands des plus prestigieuses ventes aux enchères, bien rangés derrière les barrières de sécurité.

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