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Holden "Ute" : la disparition d'un mythe automobile !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 3 nov. 2014Dans l’hémispère Nord, dites « Ute » à quelqu’un, même amateur d’automobile, et il vous regardera d’un drôle d’air. Mais dans l’hémisphère Sud, et particulièrement en Australie et en Nouvelle Zélande (mais aussi en Afrique du Sud dans une moindre mesure), des étoiles brilleront dans les yeux de votre interlocuteur.
En France, on distingue les véhicules entre VP (particuliers) et VU (utilitaires). Et il est rare qu’un utilitaire fasse de l’effet à l’amateur d’auto. En Australie en revanche, les Utility, devenus avec le temps Ute, sont d’une autre trempe : ils font véritablement partie du patrimoine automobile, et sont rarement négligés côtés moteur : de gros V8 puissants à souhait.
Holden Ute EJ de 1963Le dernier Holden Ute, actuellement en vente, dispose de V8 6 litres proposant 350 à 360 chevaux, tandis que la division « sport » Holden Special Vehicule (HSV) propose même le Maloo (tonnerre en langage aborigène) avec le 6,2 litres de la Chevrolet Camaro développant 425 à 445 chevaux.
Holden Ute HZ de 1977Si Holden, marque purement australienne malgré son appartenance au groupe GM, est la plus représentative, tous les constructeurs présents en Australie proposent dans leur gamme un « Ute », notamment Ford avec sa Falcon, le malaisien Proton avec sa Jumbuck ou Subaru avec la Brumby (nous y reviendrons).
Holden Ute WB de 1980En fait, il ne s’agit ni plus ni moins que de pick up, mais il a pris tout sa dimension populaire en Australie, pays de grands espaces nécessitant des véhicules puissants pour la longue route et utiles pour les travaux des champs, mais aussi utilisables en ville. Dès les années 40, ce type de véhicules commencera à peupler les routes australiennes et devenir aussi emblématiques que les kangourous.
Le retour de la Ute en 1990, après 6 ans d’absence !Des générations de « Ute » peuplèrent alors la gamme de Holden. Chaque génération de Commodore eut droit à son dérivé Ute, qui parfois se vendait mieux que sa sœur berline. Mais l’urbanisation et la modernisation du pays continent firent baisser les ventes du Ute, à tel point que Holden cessa d’en produire entre 1985 et 1990.
Holden Ute VR de 1993Mais devant la demande revenue pour ce type d’engin (nostalgie ?), les Ute furent à nouveau proposer à partir de 1990. Il ne s’agissait pourtant que d’un dernier rebond, puisque les ventes ne cessèrent ensuite de décliner. La faute notamment à la généralisation et à la démocratisation des 4×4 devenus bien plus « utiles » que les Utes. Dès 2013, Ford cessa de produire sa Falcon Ute, tandis que Holden annonçait l’arrêt de la Ute en 2016 (ainsi que la fin de l’industrialisation des Holden en Australie, lire aussi : La fin des usines Holden).
Holden Ute VU de 2000Il faut dire que les ventes de Ute commençaient à devenir anecdotiques, avec seulement 6592 exemplaires vendus pour l’année 2013/2014. Même les vénérables Commodore s’essouflent avec à peine plus de 30 000 exemplaires sur la même année.
Holden Ute VY de 2002Malgré tout, c’est la fin d’un mythe australien, exporté parfois au Brésil, en Afrique du Sud ou aux Etats Unis. C’est la fin des pick ups ultra puissants, tunés et bichonnés, la fin d’une Australian way of life et le début de l’uniformisation mondiale des véhicules.
Le monstre développé par HSV, la Maloo, développant 425 chevaux !S’il vous prend l’envie de devenir Crocodile Dundee, et d’arpenter nos routes nationales avec ce monument de l’automobile australienne, vous pouvez toujours franchir la manche où quelques Ute et Maloo ont été importés. Sachez qu’on retrouve aussi sous le logo Vauxhall les Berline Commodore dans leur version la plus sportive, appelée là-bas Vauxhall VXR8.