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Karenjy Mazana 2 : un 4x4 malgache à transmission Dangel !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 17 juil. 2016L’automobile africaine n’existe quasiment pas. Oh bien sûr le continent a abrité ou abrite encore des usines d’assemblage de grandes marques mondiales, voire des marques « locales » assemblant des modèles chinois (comme Matchedje Motors au Mozambique par exemple), mais il y a peu de « vrais » constructeurs indépendants proposant des véhicules originaux. Je vous avais déjà parlé de Mobius Motors au Kenya (lire aussi : Mobius Motors), voici aujourd’hui une autre marque indépendante, Karenjy Automobiles, à Madagascar.
La seule présence d’un constructeur à Madagascar est déjà en soi une gageure : avec un marché automobile réduit à peau de chagrin (environ 10 000 véhicules neufs vendus par an), aucune marque automobile ne s’y risquerait, pas rentable. C’est d’ailleurs pour cette raison que la petite marque malgache est réapparue en 2009, avec une idée simple : l’important n’est pas de gagner de l’argent, mais de faire une œuvre sociale (offrir de l’emploi, réinsérer) tout en offrant à la population un véhicule rustique, tout terrain, et surtout… très bon marché (aux alentours de 6500 euros).
Karenjy (qui siginifie balade, ou vadrouille en malgache), n’est pas une entreprise ordinaire. Sa maison mère est une association franco-malgache, Le Relais (http://www.lerelais.mg/), dont la vocation est claire : favoriser le développement économique, l’insertion professionnelle et la responsabilisation. L’aventure commence en 2009 par la création de l’atelier de mécanique Soatao, qui reprend les anciennes usines de la marque automobile Karenjy.
Karenjy avait en effet été créée en 1985 dans une toute autre logique : soutenue par le président Ratsiraka, l’idée était de développer une marque nationale accompagnant le développement économique de la grande île : un développement qui ne sera jamais à la hauteur des expériences. Deux modèles seront vendus pendant 5 ans : la Mazana (un 4×4 sur base Renault 18) et la Faoka (un pick-up sur base Renault 5), pour un total d’une centaine d’exemplaires seulement. L’heure de gloire de la jeune marque malgache sera la réalisation d’une papamobile en 1989 pour la visite du Pape Jean-Paul II sur la grande île ! Mais faute de liquidités, l’usine sera mise en faillite en 1993.
Il faudra attendre 2009 pour voir l’usine renaître de ses cendres sous l’impulsion du Relais, et du français Luc Ronssin. Dans un premier temps, la marque a lancé la Lanja, en version limitée (une cinquantaine d’exemplaires) : il s’agit d’une Faoka à peine changée, dotée d’un moteur de Renault Express 1108 cm3 de 47 ch. Une occasion de se faire la main, de former les ouvriers, de tester le marché, mais aussi pour se laisser le temps de préparer le grand lancement de l’année 2016 : la Mazana 2.
Si la Lanja (ex-Faoka) peut paraître rustique et hors d’âge, la Mazana 2, malgré un design disons « particulier » est tout sauf une voiture au rabais. Le moteur est le bien connu PSA 1.6 HDI de 112 ch, tandis que la transmission intégral a été mise au point par Dangel (lire aussi : Peugeot 505 4×4 Dangel). Les premiers exemplaires de pré-série ont été envoyés en France chez PSA pour validation en juillet 2015. Désormais, la série limitée Lanja est terminée, et la Mazana 2 s’apprête à conquérir Madagascar avec modestie : 20 exemplaires sont prévus pour cette année, tandis que l’objectif pour 2017 se monte à 100 véhicules. Désormais, seuls le moteur et le système de transmission sont importés de France.
La cible ? Des malgaches désireux d’un véhicule passe-partout, peu onéreux à l’achat, et qui sont flattés par l’idée de rouler « national » tout en aidant au développement et à la réinsertion. Un petit marché qui explique les ambitions mesurées de la petite entreprise. On pourra toujours se gausser d’un design très utilitaire (rappelant par sa simplicité les Cournil, lire aussi : Tracteur Cournil, ou les UMM, lire aussi : UMM Alter).
Moi en tout cas je soutiens ce genre d’initiatives, pour une fois sans mégalomanie, sans ego mal placé, et avec un vrai projet social et économique. Quelque chose de sensé, quelque chose de mesuré, voilà qui rafraîchit un peu dans ce monde automobile ! N’hésitez pas à soutenir cette aventure en vous baladant (Karenjy) sur le site de la marque :