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Koenigsegg : success story suédoise !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 10 mars 2015Malgré son look de gangster, ou de vilain dans James Bond (comme le qualifie Car & Driver), Christian Von Koenigsegg ne peut pas être foncièrement mauvais puisqu’il conduit tous les jours une Saab 9-5 blanche, l’une des dernières produites par Saab avant sa première faillite. D’ailleurs, en 2009, Koenigsegg s’était mis sur les rangs des repreneurs de la mythique marque suédoise, tenant la corde jusqu’à ce qu’il renonce à son projet : trop compliqué sans doute (l’avenir lui donnera raison) !
A l’époque, les journalistes n’avaient pas manqué de souligner que la petite marque suédoise Koenigsegg n’employait que 45 personnes, pour 18 voitures produites dans l’année, contre 4500 salariés et près de 90 000 exemplaires pour la marque au Griffon. C’était oublier l’entregent de Christian Von Koenigsegg, qui n’allait pas seul dans la bataille. Parmi les investisseurs du consortium Koenigsegg AB, on trouvait Alpraaz, sa propre société d’import-export qui a financé en partie le développement de Koenigsseg Auto, Augie Fabela, un milliardaire russe qui avait fait fortune dans les télécoms (et actionnaire de Koenigsegg Auto), Mark Bishop, un banquier américain, Baard Eker, un norvégien dont Eker Group détient 49 % de Koenigsegg Auto, et BAIC, un constructeur automobile chinois. Las, tout ce petit monde renoncera à racheter Saab, laissant le champs libre à Spyker !
Cette image du petit poucet, luttant contre les grands, Christian Von Koenigsegg l’a toujours mise en avant, enjolivant chaque année la belle histoire de Koenigsegg Auto. L’histoire officielle : Christian, jeune garçon, est fortement influencé par un dessin animé norvégien, « Flaklypa Grand Prix » ! Jamais il n’oubliera son rêve de devenir constructeur automobile. L’histoire officielle toujours, le présente lançant à 20 ans son entreprise, Alpraaz, qui exporte des produits alimentaires vers les pays en développement, puis à 22 ans sa marque automobile, modestement appelée de son propre nom. Mais la fortune familiale est rarement mise en avant. Pourtant, son père, entrepreneur à succès, a grandement participé au financement de Koenigsegg auto, ainsi que Baard Eker, le tycoon norvégien. D’ailleurs, aujourd’hui, Christian Von Koenigsegg n’est qu’un actionnaire minoritaire de Koenigsegg Auto AB !
Christian, c’est l’histoire officielle d’un petit gars qui s’est fait tout seul, poursuivant son rêve. Mais on oublie que l’homme est bien né (sa famille fait partie de la noblesse suédoise, faite chevalier du Saint Empire Romain germanique au 12ème siècle). Cela aide toujours un peu. L’histoire officielle nous présente aussi un Christian totalement néophyte bossant sur sa voiture de sport dès 1994. Le premier prototype, la Koenigsegg CC, apparaîtra en 1996, mais ne débouchera sur des essais qu’en 2000, et sur une réelle production (avec la CC8S) qu’en 2002. Il aura fallu 8 années pour devenir réellement constructeur : c’est beaucoup et peu en même temps. Pour parvenir à ses fins, Christian débauchera des ingénieurs de chez Saab, Bugatti ou Bentley.
Mais ne boudons pas notre plaisir : les petites entorses à la réalité pour construire une histoire brillante ne doivent pas cacher la vraie réussite de Koenigsegg ! Car force est de constater que la marque est aujourd’hui bien présente, et devenue référence dans le petit monde des supercars. Avec une production tournant aux alentours de 25 unités annuelles, cela suffit à Koenigsseg. Il faut dire que les tarifs frisent l’indécence, à plus d’un million d’euros l’exemplaire (selon les modèles). La force de Koenigsegg ? L’extrême soin apporté à la fabrication, la possibilité de réaliser des véhicules personnalisés (ce qui fait forcément grimper l’addition), et les performances. La CC8S de 2002 développait 655 ch avec son V8 Ford. Désormais, une Regera (présentée au Salon de Genève 2015), offre 1500 ch, fruit de l’alliance d’un V8 maison et de moteurs électriques !
L’Agera Hundra, la 100ème Koenigsegg produite !Koenigsegg a aussi, avouons-le, su se créer sa légende, et imposer un style pourtant ingrat au départ. Mais à force d’entêtement, le style Koenigsegg est devenu beau, tout en restant unique : aucune voiture ne lui ressemble aujourd’hui. C’est ce qui fait sa force, sans même recourir à la compétition pour se forger une image. En cela, Christian a fait fort, poursuivant son rêve et s’imposant parmi les rares fabricants de supercars.
Koenigsegg est devenu un symbole en Suède !Vous pourriez croire que je n’apprécie pas Koenigsegg pour avoir écorné sa légende ! Détrompez-vous : j’admire Christian Von Koenigsseg, qui se révèle être un grand patron, sachant s’entourer des meilleurs, sachant communiquer et forger son image, sachant persévérer et convaincre des investisseurs. Et puis vous le savez bien : ce qui vient de Suède me plaît toujours. Et je trouve en Koenigsegg la parfaite synthèse entre la perfection clinique de McLaren, le caractère de Ferrari, et l’originalité de Saab…
La Regera, présentée à Genève la semaine dernière, développe 1500 ch en hybride rechargeable !Surtout, Christian Von Koenigsegg a compris qu’il valait mieux s’intéresser directement au marché du très haut de gamme, lui permettant de se développer malgré une faible production. La marque ne fêtera sa centième voiture produite qu’en 2013, en lançant un unique exemplaire de l’Agera S « Hundra » (cent en suédois) ! Il aura fallu 11 ans pour atteindre cet objectif. Aujourd’hui, Christian apparaît comme le boss, le seul incarnant encore sa marque personnellement avec Horacio Pagani (qui boxe dans la même catégorie). Alors moi je dis chapeau, surtout que ce mec là n’a que 3 ans de plus que moi !!!