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Peugeot P4 : l’icône de service

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 3 août 2022

Depuis quelques années, l’Armée française s’est engagée dans le renouvellement de son parc de véhicules de liaison vieillissants. Sage décision au regard de l’âge du parc, qui fit pourtant scandale : une commande de 2 000 Ford Ranger “sur étagère” pour remplacer une partie des véhicules à bout de souffle fit remonter l’élan patriotique de ceux qui n’y connaissent rien. “On doit acheter français, comme avant”. Ces gens bien-pensants n’ayant jamais cherché à savoir la réalité des choses s’offusquaient d’une situation qui durait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Des Hotchkiss M201 aux Peugeot P4, aucune de nos montures n’avait jusqu’alors été d’origine française. Justement, parlons-en de cette fameuse Peugeot P4 qui, à défaut d’avoir une véritable carrière civile, aura marqué plusieurs générations de bidasses, leur laissant des souvenirs indélébiles (et parfois douloureux).

P4 ? Avouez qu’on se demande qui, chez Peugeot, a eu l’idée de lui donner un tel nom. Pour ceux qui ont fait leur Service National, ce patronyme sonnait comme un espoir, synonyme de liberté et de réforme malgré la trace ineffaçable qu’il laissait sur votre dossier militaire. Être réformé P4, c’était être inapte à la vie militaire pour des raisons essentiellement psychiatriques : en gros, le tampon rouge “débile” s’étalait sous votre matricule et vous rentriez chez vous, épargné de corvées de chiotte, de “marche co” dans la boue, de montage/démontage de FAMAS et autres joyeusetés. Malheureusement, c’était aussi se priver d’une découverte automobile, celle de la Peugeot éponyme, en réalité bien moins française que sa marque ne le laissait croire.

Le VLTT ? Un marché plus petit qu’il n’y paraît

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le marché militaire national pour un véhicule de liaison du type “Jeep” n’est pas considérable, au regard des volumes commandés, des contraintes du contrat et de sa rentabilité. Dans un monde idéal, tout le monde aimerait que notre valeureuse armée ne s’équipe qu’avec des produits nationaux. Or, lorsqu’il s’agit de matériel à forte valeur ajoutée (blindés, avions, hélicoptères, frégates ou porte-avions), la France a toujours fait le choix de favoriser ce qu’on appelle aujourd’hui la BITD (Base industrielle et technologique de défense). En revanche, pour ses matériels à faible valeur ajoutée et/ou lorsque la compétence n’existe pas dans l’industrie française, elle n’hésite pas à se servir ailleurs, quitte à jouer d’artifices pour faire passer la pilule. Dans le cas de la Peugeot P4, il s’agit véritablement de cela : un véhicule d’origine étrangère camouflé en produit national par diverses modifications.

Depuis l’après-guerre, la France a toujours agi ainsi pour ses véhicules de liaison. Au tout début, il s’agissait ni plus ni moins des Jeep Willys MB américaines et données en grand nombre à l’Armée française en marche aux côtés des Alliés. Dès les années 50, on tenta de renouveler ce parc. On testa la proposition de Delahaye avec son VLR (Véhicule de liaison et reconnaissance), sans succès. Finalement, ce sera le constructeur Hotchkiss qui remportera le morceau avec sa M201, qui n’était rien de moins qu’une Jeep MB produite sous licence. Aucun grand constructeur français ne chercha à remporter ce marché (27 000 exemplaires commandés) : les volumes n’étaient pas assez importants pour développer une solution nationale et aucun de nos constructeurs ne s’intéressait vraiment au véhicule tout-terrain.

Franciser des propositions étrangères

Dans les années 60, on tenta de définir une solution européenne en fédérant les commandes de plusieurs armées et en trouvant un fournisseur unique. Malheureusement, ce projet tomba à l’eau, tant les désirs des uns divergeaient des souhaits des autres. Si bien qu’au début des années 70, l’Armée française dut compléter son parc avec 7 000 Citroën Méhari (liaison régimentaire, auto-école) en attendant qu’une nouvelle solution soit trouvée. C’est ainsi qu’est lancé l’appel d’offres pour un nouveau VLTT (véhicule léger tout terrain), au milieu des années 70. Cette fois-ci, nos trois constructeurs nationaux se mettent sur les rangs, mais sans pour autant étudier un produit spécifique. Ainsi, Renault s’allie à Fiat pour proposer un Campagnola “francisé” avec un moteur de Renault 20 TS. Chez Citroën, c’est vers Volkswagen qu’on se tourne pour développer le C44, en réalité un Iltis à peine modifié. Peugeot lorgne aussi vers les pays teutons et s’allie au duo Mercedes/Puch pour proposer une version spécifique du Classe G (ou Puch G c’est selon) produit en Autriche.

Une rare version civile de la P4, privée d’export par contrat

Lors de l’appel d’offres, Citroën est rapidement écartée pour des raisons évidentes (rachetée par Peugeot, sa proposition faisait doublon). Restent en lice Renault et Peugeot. Renault a le mérite de proposer un véhicule (le Nuova Campagnola) déjà en service en Italie quand Peugeot propose, à son avantage, un modèle en cours de conception et donc a priori plus moderne. L’offre franco-allemande remporte les faveurs de l’Armée, consacrant la Peugeot P4 comme nouveau véhicule de liaison. Certains parlent de choix politique (soutenir PSA, en difficulté après le rachat de Chrysler Europe, renforcer l’amitié franco-allemande) alors que le choix est sans doute lié à une volonté de modernité : la récence de sa conception permet d’envisager une longévité du produit plus intéressante, tandis que les capacités de franchissement (merci Steyr-Puch) s’avèrent particulièrement intéressantes.

Hybride entre un Classe G et une Peugeot 

Cependant, il ne s’agissait pas d’incorporer un Classe G tel quel, juste avec un Lion sur le capot. L’accord allait plus loin entre Mercedes et Peugeot : ainsi, comme la transmission intégrale, les caisses étaient réalisées à Graz en Autriche. Elles arrivaient nues à Sochaux où elles étaient ensuite peintes, et recevaient leur moteur (un 2 litres de 79 chevaux issu de la Peugeot 504) et une boîte de vitesses (pour les vitesses “normales”) provenant de la 604. Bien entendu, ces P4 étaient “simplifiées” par rapport aux versions civiles vendues par Mercedes (l’Armée française fut le premier contrat militaire du Classe G), et adaptées aux demandes spécifiques des militaires.

La commande initiale était au départ de 15 000 exemplaires, ramenée par la suite à 13 500. Au départ, les P4 étaient assemblées à Sochaux (à partir de 1982) mais, au milieu de la décennie, la production fut transférée chez Panhard (alors filiale militaire de PSA) qui produira un peu moins de la moitié du contrat (6 500 exemplaires) jusqu’au début des années 90. La P4 reçut par la suite de nouveaux moteurs, soit directement lors de la production, soit lors de nombreux “retrofit” tout au long de sa carrière. Peu à peu, les moteurs essence 504 laissèrent la place à des moteurs Diesel plus coupleux et moins gourmands en carburant (2.5 atmo ou turbo, de 70 à 82 chevaux selon les époques).

Réforme en vue pour la P4

En 2021, on trouve encore de nombreuses P4 en activité dans les unités françaises. Les 2 000 Ford Ranger ne concernaient qu’une petite partie du remplacement des P4 à destination de la métropole et de l’opération Sentinelle. Le Technamm Masstech ou le Ford Everest (modifié chez ACMAT à Saint Nazaire) complètent désormais la panoplie, aux côtés du Panhard PVP blindé pour les missions de combat. On trouve aussi une version directement dérivée du Classe G moderne dans les Forces spéciales, le Panhard VPS. Les jours de la P4 sont donc comptés et c’est plutôt bien, 40 ans après son entrée en service.

C’est aussi une bonne nouvelle pour les collectionneurs : les versions civiles de la P4, un temps proposées à la vente, étant rarissimes, il faudra se contenter de versions militaires et cela tombe bien puisque les Domaines ne cessent de s’en débarrasser, vente après vente. Alors, si vous aussi vous êtes nostalgiques de vos années P4, n’hésitez pas à vous offrir cette étrange Peugeot aux accents germaniques qui, à défaut de performances pures, vous permettra de crapahuter dans la campagne pendant qu’on en a encore le droit !

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