Trident Clipper/Venturer/Tycoon : la discrète descendance des TVR
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Trident Clipper/Venturer/Tycoon : la discrète descendance des TVR

Par Paul Clément-Collin - 27/06/2017

L’industrie automobile britannique est pleine de surprise. Regorgeant de petits constructeurs, d’artisans, d’anecdotes ou de drames, on y trouve toujours de quoi raconter des histoires à l’amateur de bizarreries, généralement lecteur de Boîtier Rouge. Et lorsqu’on croit en avoir fait le tour, on tombe à nouveau sur une pépite. Cette fois-ci, c’est de la Trident Clipper/Venturer/Tycoon que nous allons parler.

La TVR Trident, « styled by Fissore »

Vous ne connaissez pas cette marque, et encore moins ses modèles ? Normal, son existence fut brève, et sa production confidentielle. Pourtant, elle trouve ses origines chez un constructeur plus connus des amateurs : TVR. La firme fondée par Trevor Wilkinson réfléchit dès 1964 à la réalisation d’un coupé (et d’un cabriolet) susceptible d’attirer une plus large clientèle grâce à un style en vogue à l’époque, celui venant d’Italie. Avec une ligne latine, des dessous anglais et un moteur américain, TVR pense avoir le trio gagnant pour augmenter sensiblement sa production.

Le style de la TVR Trident est plus acéré que celui de sa descendance Trident Clipper, notamment à l’avant

La rencontre entre Wilkinson et le designer Trevor Frost (qui préfère se faire appeler Trevor Fiore, c’est tellement plus chic et transalpin) va donner naissance à la TVR Trident. A l’époque, Frost/Fiore travaille chez le carrossier Fissore, en Italie, après un bref passage chez Raymond Loewy (au début des années 80, il sera brièvement responsable du style de Citroën, et au début des années 90, brièvement acoquiné à Romani Artioli lors de la renaissance de Bugatti, bref, un homme bref). Le jeune designer va dessiner puis construire dans les ateliers de Fissore un premier prototype.

Ce proto est un coupé doté d’une carrosserie en acier, de phares escamotables en vogue à l’époque, et d’un V8 Ford issu de la Cobra, de 5 litres et 270 chevaux. La TVR Trident est présentée en 1965 au Salon de Genève, où sa ligne fluide fait sensation. TVR décide alors de réaliser deux autres prototypes, un autre coupé et un cabriolet, avant de procéder à une mise en production.

En devenant Trident Clipper, le style s’alourdit un peu, la carrosserie devient en fibre de verre, et le châssis provient d’une Austin Healey 3000

Hélas, entre temps, le petit constructeur anglais a accumulé les dettes, et 6 mois après avoir présenté la Trident, la société fait faillite. Martin Liley, distributeur TVR, rachète alors l’affaire, mais pas la Trident. En effet, TVR n’avait pas encore payé Fissore et Frost/Fiore qui détenait donc les droits sur le modèle. C’est un autre distributeur TVR, William Last, qui paiera les italiens, et récupérera dessins et plans pour une mise en production (Liley réussira, quand à lui, à racheter deux protos, un coupé et l’unique cabriolet, bien connu aujourd’hui dans sa teinte bleue ciel).

Last va alors créer la Trident Cars Ltd dans le Suffolk, pour commercialiser la Clipper, présentée en 1966. Si la ligne générale est la même que celle de la TVR, et si le moteur reste le Ford 289ci, le dessin est quelque peu modifié : adieu les phares escamotables, place à une calandre plus conventionnelle. Autre modification : le châssis, qui provient désormais d’une Austin Healey 3000, tandis que la carrosserie abandonne l’acier pour la fibre de verre.

Il faudra attendre un an et l’année 1967 pour voir les premières Clipper proposées à la vente. En 1969, Trident décide de proposer une version plus abordable, la Venturer, équipée d’un V6 Essex et surtout, d’un châssis de Triumph TR6 ! Avec 150 ch, on est loin des 270 de la Clipper d’origine. En 1971, suite aux grèves chez Ford bloquant l’approvisionnement en V8, Trident va se tourner vers Chrysler et équiper sa Clipper d’un V8 Hemi 5.6 litres de chez Chrysler : un seul exemplaire sera produit, la Clipper et ses V8 n’étant plus dans l’air du temps.

Cette même année 1971 voit l’apparition de la Tycoon. Sa différence avec la Venturer ? Un moteur 6 cylindres en ligne d’origine Triumph de 2.5 litres de cylindrée, doté d’une injection Lucas (contrairement au V6 Essex à carburateurs), et une transmission automatique. Pas suffisant pour voir décoller les ventes.

En 1974, il faut bien se rendre à l’évidence : même les V6 ou L6 se vendent mal (ne parlons pas des V8 Clipper que Trident ne produit même plus), à cause de leur gloutonnerie malvenue en pleine crise pétrolière, et d’un tarif relativement élevé par rapport à la concurrence. La direction stoppe donc la fabrication des Venturer et Tycoon. En 1976, on tentera de relancer la production, mais seuls deux exemplaires seront produits avant la fin définitive de la Trident Cars Ltd.

Au total (en plus des 3 ou 4 protos TVR) 3 protos Trident, 39 Clipper, 84 Venturer et 7 Tycoon seront produits, soit 133 exemplaires seront produits (d’autres sources parlent de 135, sans doute les 2 derniers exemplaires fabriqués en 1976). Ce qui en fait aujourd’hui encore plu qu’à l’époque un véhicule rare. Etrangement, ce sont le coupé et le cabriolet rachetés à l’époque par Liley et siglés TVR que l’on aperçoit le plus dans les rassemblement, notamment Goodwood. On a vu pendant un temps le cabriolet en plaques françaises ! Bref, si vous tombez sur une Trident, rappelez-vous qu’il s’agit d’une voiture à l’histoire mouvementée qui s’intégrera très bien à votre collection so BR.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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