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ZAZ 966 et 968: voitures du peuple à la soviétique !
PAUL CLÉMENT-COLLIN - 20 juin 2016ZAZ vous connaissez ? Le premier qui me parle de la chanteuse part direct au coin avec le bonnet d’âne. Pour les autres, il s’agit bien d’un constructeur automobile, ukrainien, dont l’acronyme signifie tout simplement Zaporiz’kyi avtomobilebudivnyi zavod, rien que cela. Les charmes de l’URSS ! Ce constructeur est aujourd’hui surtout connu pour le 969, un petit tout terrain ultra efficace et compact, au look très vintage, mais aussi pour la Tavria, importée un temps en France. Pourtant aujourd’hui, c’est le duo 966/968 qui m’intéresse, une berline lancée dans les années 60 pour motoriser l’union soviétique.
Avant guerre, ZAZ n’est qu’un producteur de machines agricoles et de machines-outil, créé en 1863 par un allemand, Abraham J. Koop, avant d’être nationalisé après la révolution, devenant une sorte de Caterpillar de l’Est. Mais en 1960, alors que Lada n’existe pas encore, ZAZ se lance dans l’automobile avec la 965, ressemblant à s’y méprendre à une Fiat 600 ! Objectif ? Motoriser les classes populaires d’Union Soviétique !
Mais dès 1961, l’idée d’une voiture plus moderne germe dans les têtes pensantes du constructeur ukrainien ! Si la 965 s’inspire de la Fiat 600, la 966 va quant à elle s’inspirer de na NSU Prinz, elle-même influencée par l’Amérique, la taille en moins. ZAZ reste fidèle au moteur à l’arrière malgré l’arrivée d’une menace sur son propre marché : la moderne moteur avant VAZ 2101 se profile, alors que l’usine de Togliatti est en train de s’ériger (lire aussi : L’usine de Togliatti) en Russie soviétique. Lancée en 1965, la 966 va connaître une courte carrière, remplacée en 1969 par une version plus moderne baptisée 968.
La 968 remplace la 966 en 1969, avec notamment une nouvelle face avant !La 966 avait commencé sa carrière avec un V4 refroidi par air de 30 ch, et l’avait fini avec 41 ch. La 968 récupère ce dernier moteur en 1969, puisqu’elle ne pourra pas récupérer le 4 cylindres Renault dont elle rêvait. Il faudra attendre 1979 pour voir un nouveau moteur plus puissant (51 ch) propulser la 968M (pour modifiée ? Moderne ? Allez savoir!). Uniquement disponible en 2 portes le duo 966/968 aura du mal à s’imposer face aux Lada plus spacieuses, plus pratiques et plus modernes ! La 968 tentera pourtant l’exportation, soit dans les pays frères (notamment en Yougoslavie), soit en Autriche (ou elle portera le nom d’Eliette).
la 968 sera exportée en Yougoslavie et même en Autriche sous le nom d’Eliette !Jamais, en cherchant de quoi illustrer un article, je n’avais vu autant de photos de voitures mettant en scène des nanas, habillées de façon moderne et sympa (pour l’époque). A croire que ZAZ devait mettre le paquet en communication pour pouvoir vendre ses petites 966 ou 968. Et bien que légèrement en retrait par rapport aux Lada fabriquées à Togliatti, il se produira plus de 3,4 millions de ZAZ à moteur arrière entre 1965 et 1994.
Car en 1987, pour mieux répondre aux aspirations d’une clientèle avide de modernité, ZAZ était passée à la traction et au moteur à l’avant en lançant la 1102 plus connue chez nous sous le nom de Tavria puisqu’elle sera importée en France par le réseau Poch (lire aussi : Jacques Poch). La fin des voitures à moteur arrière était signée chez ZAZ, même si les dernières tomberont des chaînes en 1994, 7 ans après la sortie de la Tavria (belle résistance) qui de son côté sera fabriquée jusqu’en 2011 (dans sa dernière version 4 portes appelée Slavuta).
ZAZ passera sous pavillon coréen en 1998, racheté par Daewoo qui s’en désengagera en 2002. Pour survivre, ZAZ devra donc trouver des partenaires. L’usine ukrainienne fabriquera donc pendant quelques temps des Mercedes Classe E et Classe M pour le compte de Daimler-Benz, puis des Opel Astra, Corsa et Vectra. Elle produira même des Samara pour le compte du frère ennemi Lada afin de faire tourner les chaînes de production.
Les ZAZ 966 et 968, qui se voulaient les « voitures du peuple » façon Volkswagen de l’Union Soviétique, réussirent donc le pari de se vendre, mais ne restèrent pas dans les mémoires autant qu’une Coccinelle, même dans leur pays natal, l’Ukraine ! Il est temps aujourd’hui de redécouvrir ces drôles de petites voitures à moteur arrière. Si elles ne sont pas courantes en Europe occidentale, il vous sera sûrement possible d’en trouver à bon prix en Ukraine, Russie ou en Europe orientale ! A vous les joies du sac à dos, sans être obligée de rouler dans une banale Renault 8 !