Daimler V8 : les fruits de la raison
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Daimler V8 : les fruits de la raison

Par Paul Clément-Collin - 30/07/2022

Lorsqu’on aime le profil de la Jaguar Mk2 mais que l’on désire un peu d’originalité alliée aux joies du V8, il existe une alternative méconnue : la Daimler 2.5-V8/V8-250. Premier fruit du rapprochement entre Jaguar et Daimler, la V8 inaugurait la nouvelle politique de la maison : dériver une version Daimler plus huppée d’un produit Jaguar pourtant déjà haut de gamme.

A la fin des années 50, Daimler, propriété du groupe BSA, se retrouvait en difficulté financière, notamment à cause des frasques de Bernard Docker mais aussi de l’échec de la SP250 sur laquelle BSA portait tous ses espoirs. Il fallut se résoudre à revendre la marque à Jaguar en mai 1960 pour 3,4 millions de livres. Dans un premier temps, William Lyons (patron de Jaguar) maintint la gamme Daimler en l’état, continuant à produire une SP250 améliorée. Malgré les défauts de ce roadster, il disposait tout de même d’un atout : son moteur V8 relativement compact (2.5 litres de cylindrée) développant une puissance respectable de 144 chevaux.

Combler la gamme à moindre coût

Depuis l’arrêt de la Daimler Conquest en 1957, Daimler ne disposait plus de berline compacte (une expression à remettre dans le contexte de l’époque) et la nouvelle direction vit en la Jaguar Mk2 une occasion de combler la gamme à moindre coût. L’idée était simple : proposer à la clientèle traditionnelle de Daimler une voiture respectant le même niveau de confort et de luxe que les autres modèles de la marque, mais aussi disposant d’une autre offre moteur spécifique, différente des 6 en lignes de Mk2.

En terme de puissance, le V8 se plaçait entre le L6 2.4 de 122 chevaux et le L6 3.4 de 213 ch de sa soeur féline, mais il ne se situait pas au même niveau de gamme : un V8 même moins sportif reste, aux yeux d’une clientèle élitiste, plus noble par ses 2 cylindres supplémentaires et son aspect plus onctueux. En outre, ce moteur était particulièrement compact, permettant à la V8 d’être près de 65 kg plus légère qu’une Mk2 et son lourd L6. Avec la Daimler, la route et le confort furent privilégiés : la preuve, à ses débuts la voiture n’était proposée qu’en boîte automatique Borg-Wagner à 3 vitesses. Il faudra attendre 1967 pour voir apparaître en option une boîte manuelle 4 vitesses (+ overdrive).

Une Mk2 à moteur V8

A l’origine, la direction de Jaguar n’était pas très sûre de l’intérêt de l’opération et très peu de moyens furent accordés au développement de la voiture, au point d’utiliser d’abord une vieille Jaguar Mk1 qui traînait dans l’usine comme mulet. Une fois validés les premiers essais, on passa donc à une caisse de Mk2. Il fallut légèrement adapter le V8 pour l’installer dans le compartiment moteur mais le concept pouvait enfin être validé, faisant de la 2.5 V8 la première Daimler dotée d’une coque autoporteuse.

Lancée en 1962, la 2.5 V8 (puis V8 250 à partir de 1967) complètera parfaitement la Mk2 dans une sorte de gamme parallèle orientée “confort et luxe”, trouvant 17 620 acheteurs jusqu’en 1969 (à comparer aux 83 976 Mk2 et 7 234 exemplaires de 240 ou 340 entre 1959 et 1969). Elle initiait le concept de gémellité entre Jaguar et Daimler : en 1966, la Daimler Sovereign appliquait à nouveau la méthode sur la base d’une Jaguar 420. En 1968, la marque lançait son dernier modèle spécifique, la DS420 (un modèle produit jusqu’en 1992 tout de même), tandis que le reste de la gamme se calquait sur celle de Jaguar tout en favorisant luxe et confort, comme la première V8.

Tout l’intérêt de la Daimler V8, c’est de s’offrir le même look qu’une iconique Mk2 tout en bénéficiant du raffinement Daimler et d’un V8 original pour un tarif bien plus doux. Avec une cote estimée à 26 000 euros (LVA 2018), elle est moins chère qu’une Mk2 2.4 plus roturière et moins puissante, et 10 000 euros moins chère qu’une 3.4, sans même parler des 3.8 (plus de 40 000 euros). Voilà ce qui pourrait s’appeler une bonne affaire pour s’offrir une voiture méconnue et pourtant reconnue par tous comme une beauté des années 60.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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