W/Bombardier 183 Iltis : un putois bien désirable !
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W/Bombardier 183 Iltis : un putois bien désirable !

Par Paul Clément-Collin - 15/08/2022

Parfois, j’aimerai pouvoir voyager dans le temps, et me retrouver en 1978 dans un des bureaux d’Ingolstadt le jour où il a été décidé d’appeler le Volskwagen 183 du doux nom de Iltis. Qu’est-il passé par la tête de ces ingénieurs et marketeurs pour trouver géniale l’idée d’appeler le futur 4×4 de l’armée allemande « le putois » ? Il y a des mystères de l’histoire que j’aimerai vraiment percer ! Mais le 183 avait suffisamment de qualité pour surmonter le handicap et connaître une brillante carrière militaire et sportive. Il faut dire qu’à part cette fameuse réunion, tout jouait en sa faveur.

Iltis 02

Dans les années 70 se pose un problème majeur pour quasiment toutes les armées d’Europe : les véhicules légers type « jeep » commencent à sérieusement dater et il devient essentiel de renouveler le parc rapidement. N’oublions pas que nous sommes en pleine guerre froide et que l’Europe reste sous la menace d’une invasion soviétique. Disposer d’un véhicule léger tout terrain moderne devient une priorité. En France, on roule encore avec des Jeep fabriquées par Hotchkiss dans les années 50, tandis qu’en Allemagne, ce sont les DKW Munga (dont la production a cessé en 1968) à moteur deux temps qu’on use jusqu’à la corde.

Iltis 04

Le plan Europa Jeep, destiné à équiper les armées allemandes, françaises et italiennes d’un véhicule commun est lancé dès 1962, mais sans véritablement aboutir malgré de nombreux projets. En 1975, la Bundeswehr ne peut plus attendre et lance donc un appel d’offre. Deux constructeurs répondent présents : Mercedes, allié avec l’autrichien Steyr-Puch, avec le G-Wagen (plus connu sous le nom de Classe G aujourd’hui), et Volkswagen avec l’Iltis. C’est l’Iltis qui sortira vainqueur de la compétition. Mercedes réussira à refourguer son G à Peugeot et à l’armée française dans le cadre d’une licence (lire aussi :Peugeot P4), et rencontrera le succès sur les marchés civils, avant de prendre sa revanche une décénnie plus tard en équipant l’armée allemande en remplacement de l’Iltis. Ironie de l’histoire !

Iltis 06

Si l’Iltis porte le nom de Volkswagen, il s’agit pourtant d’une Audi ! Etudié et fabriqué à Ingolstadt, il est en quelque sorte une version modernisée du DKW Munga. Exit cependant le moteur 2 temps, et place à un 1,7 litres essence de 75 chevaux ! Le cahier des charges est clair : longueur inférieure à 4 m, largeur inférieure à 1,6 m, garde au sol de 22,5 cm, charge utile de 500 kg, utilisable de -30° à +44°, capable de franchir des gué de 60 cm, capable de grimper des pentes de 50 % et d’atteindre les 50 km/h en moins de 10 secondes, rien que cela ! Le Putois répondra à toutes ces contraintes ! Véritable patchwork, l’Iltis pioche dans la banque d’organes Volkswagen : on trouve de la Cox, de la Golf, de l’Audi 80 ou 100 dans le 183 ! Et puis, le projet est mené par un ingénieur de génie, Roland Gumpert, père ensuite de l’Audi Quattro et de supercars à son nom (lire aussi : Gumpert). On dit que ce sont ses travaux sur l’Iltis qui l’auraient inspiré pour la Quattro !

Iltis 09

La production commence fin 1978 et se terminera en 1982 (du moins en Allemagne). 9547 exemplaires de cette première série seront fabriqués, dont 747 exemplaires pour le marché civil. Conscient de ses qualités, VW tenta en effet de conquérir le marché du 4×4. Présenté au salon de Genève 1979, il sera aussi engagé dans le Paris-Dakar 1980, raflant la 1ère, la 2ème et la 4ème place ! Mais cette victoire ne suffira pas à l’Iltis pour percer. Bien que pétri de qualités, il avait un défaut bien réel : son prix faramineux, bien plus cher qu’un Range Rover ! Mais n’allez pas croire que sa carrière s’arrête en 1982 ! Indestructible, l’Iltis se retrouve fabriqué à Valcourt, au Québec, sous la marque Bombardier qui en a racheté les droits et l’outillage pour répondre à la commande de l’armée canadienne. Mis à part les logos, rien ne change entre le 183 de VW et celui de Bombardier : on ne change pas un modèle qui gagne !

Iltis 07

2500 exemplaires du Bombardier Iltis seront fabriqués pour l’armée canadienne, puis 2673 exemplaires seront fabriqués pour l’armée belge. Pour l’Iltis belge, c’est un mécano industriel qui est organisé : les caisses sont fabriquées au Canada, puis envoyées à l’usine VW de Forest en Belgique pour y recevoir les moteurs en provenance d’Allemagne. On sait que Bombardier fournira aussi les armées camerounaises et d’Oman, portant le total des exemplaires fabriqués au Canada à environ 6000 exemplaires. Un prototype sera réalisé en conduite à droite pour l’armée singapourienne, qui ne donnera pas suite. Les derniers Iltis canadiens seront fabriqués en 1988. Entre temps, sa carrière allemande aura repris son court : à partir de 1985, VW en reprend la fabrication afin de compléter la commande de l’armée allemande. En 1987, il recevra même un nouveau moteur turbo diesel de 1,6 litres et 70 chevaux ! Cette deuxième tranche destinée à la Bundeswehr s’achèvera en 1988, après 1254 exemplaires produits ! Au total, ce sont environ 16 801 exemplaires du Volkswagen/Bombardier 183 Iltis qui auront été fabriqués.

Iltis 03

Petit à petit, les Iltis de l’armée Allemande seront remplacés par des Mercedes Classe G, tout comme ceux de l’armée canadienne. Le G aura eu sa revanche. On trouve donc souvent des Iltis déstockés de l’armée disponibles sur le marché de l’occasion. Robustes et fiables, ils font désormais le bonheur des amateurs de 4×4. Pour la petite histoire, si Peugeot répondit à l’appel d’offre de l’armée française avec le P4, un classe G à moteur de 504, Citroën proposa sa version de l’Iltis, baptisé C44, et dotée d’un moteur de CX, sans succès. Ce prototype participera lui aussi au Paris-Dakar, mais en 1981, avec moins de succès que ses frères allemands : il devra abandonner.

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin

Paul Clément-Collin est une figure reconnue du journalisme automobile français. Fondateur du site culte Boîtier Rouge, sacré meilleur blog auto aux Golden Blog Awards 2014 et cité parmi les médias auto les plus influents par Teads/eBuzzing et l’étude Scanblog Advent, il a ensuite été rédacteur en chef de CarJager et collaborateur de Top Gear Magazine France. Journaliste indépendant, spécialiste des voitures oubliées, rares, iconiques ou mal-aimées, il cultive une écriture passionnée et documentée, mêlant culture auto, design, histoire et anecdotes authentiques, et intervient également sur des événements majeurs comme le Mondial de l’Auto.

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