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Dacia 1307 Double Cabine : déclinaison sur un air de 12

PAUL CLÉMENT-COLLIN - 20 sept. 2020

Au début des années 90, la firme roumaine Dacia ne connaît pas la même euphorie qu’aujourd’hui. La chute du Conducator Ceausescu ainsi que l’effondrement du bloc de l’Est font rentrer la Roumanie dans une nouvelle ère de transition. L’économie de marché s’impose mais le constructeur de Pitesti, à l’ouest de Bucarest, manque cruellement de moyens pour rivaliser avec les constructeurs occidentaux, et peine à sortir de sa monoculture basée sur l’antique Renault 12 lancée en 1969 et déclinée à toutes les sauces. Cette décennie cruelle oblige donc Dacia à faire du vieux avec du neuf et à répondre tant bien que mal à la demande intérieure, tout en espérant conquérir, grâce à des coûts serrés, quelques marchés à l’exportation. C’est ainsi qu’en 1992, la marque lance sa Dacia 1307 Double Cabine, une offre intelligente faite de bric et de broc permettant de séduire simultanément les familles et les professionnels.

Dacia 1304 avant et après un premier restylage


La Dacia 1309 est une version couble cabine dérivée du break : elle ne sera produite que quelques années, supplantée par la 1307

L’histoire de Dacia remonte à la fin des années 60, créée sous l’impulsion d’un Ceausescu de plus en plus dictatorial mais cultivant une ouverture vers le monde de l’Ouest. Il désire à l’époque offrir aux Roumains une vraie marque nationale, capable de rivaliser en Europe orientale avec les Skoda tchécoslovaques ou les Wartburg est-allemandes. À l’instar du grand frère soviétique, qui signe un accord avec Fiat incluant la construction d’une usine géante à Togliatti et l’utilisation des plans de la Fiat 124 (qui deviendra la VAZ 2121 Jigouli), la Roumanie va conclure avec le constructeur français Renault qui lui promet sa future merveille, pas encore sortie en France : la Renault 12

La 1304 simple cabine après le restylage U75 mené par Renault. Notez le bossage sur le capot (en haut) trahissant la présence du 1.9D.

Les débuts de Dacia

Pour patienter, Dacia va commencer par fabriquer quelques 1100 (dérivées de la Renault 8), avant de produire enfin la R12 sous le nom de Dacia 1300. Dans les années 70, la petite firme va aussi assembler quelques exemplaires de la Renault 20 sous le nom de Dacia 2000 mais, peu à peu, les relations avec Renault se dégradent au point de rompre toute discussion en 1979, laissant Dacia sans appui extérieur. Dès lors, elle ne va cesser de décliner à l’envi l’éternelle 1300. D’ailleurs, dès 1975 et pour répondre à la demande professionnelle, une première version pick-up est lancée sous le nom de 1300 C et 1302 Pick-up. En 1983, elle évolue en 1304, un modèle qui sera dès lors fabriqué (avec de nombreuses évolutions) jusqu’en 2006.

Le 1307 Double cabine 4×4, dans sa version essence (sans bossage)

Et notre Double Cabine, me direz-vous ? Justement. Rappelez-vous, la révolution de décembre 1989 laisse Dacia sans grands moyens tandis que le marché intérieur se rétracte et qu’il faut désormais résister à une concurrence inattendue : celle des importations de véhicules d’occasion. La période s’avère difficile et il faut alors tenir en espérant trouver le salut auprès d’un partenaire potentiel, comme Skoda qui, après une lutte acharnée entre Renault et Volkswagen, tombe dans l’escarcelle de ce dernier en avril 1991. En attendant de connaître un même sort, Dacia bricole.

Le 1307 Double Cabine « Lynx » 4×4 1.9D (bossage) amélioré par l’importateur allemand.

La tentation du Pick-up

Pour résister à la crise et vendre tout de même quelques voitures, Dacia va avoir une idée de génie : proposer à la clientèle émergente des petits artisans, commerçants ou aux agriculteurs un outil “deux-en-un”, à la fois véhicule familial et véhicule utilitaire, à la manière de ce qui se fait outre-Atlantique : un Double Cabine. Dacia va tâtonner en proposant deux versions distinctes : la 1309 dérivée du break 1310, et la 1307 issue de la berline. La 1309, moins pratique et moins réussie visuellement, ne sera produite qu’entre 1992 et 1998 (à 49 098 exemplaires tout de même). La 1307, elle, va recueillir les suffrages des Roumains. 

L’intérieur est repris des SupeRNova / Solenza

Dans un premier temps, la 1307 se contente des moteurs traditionnels de Dacia, issus de blocs Renault : un 1,4 litre de 54 chevaux et un 1,6 litre de 65 chevaux. Stylistiquement, elle fait au mieux pour adapter cette drôle de configuration à la 1310 d’origine. Et malgré la concurrence accrue et l’ouverture du marché automobile, la 1307 Double Cabine se fait une place, séduisant une clientèle variée séduite par la polyvalence de l’engin. D’autant que celui-ci se décline en une intéressante version à 4 roues motrices, développée avec l’autre constructeur roumain, ARO

Quatre roues motrices à moins de 10 000 euros

Grâce à cette politique dite du “sparadrap”, Dacia résiste tant bien que mal, le temps de conclure avec son ex-partenaire, Renault. La firme française, après avoir échoué à racheter Skoda en 1991 puis à fusionner avec Volvo en 1993, cherche à faire une bonne affaire à l’Est. Louis Schweitzer, alors PDG du constructeur français, a une idée iconoclaste mais tenace : doubler Renault d’un constructeur low cost. Idée géniale avec le recul, mais ô combien étonnante à l’époque où chaque constructeur cherche à monter en gamme. Finalement, Renault croque le roumain Dacia en 1999 et, d’une certaine manière, sauve l’entreprise d’une mort certaine. En attendant de lancer le “grand projet” de Renault, la Logan, Dacia va profiter de l’arrivée de quelques capitaux pour assurer la jointure en proposant une gamme plus moderne. 

Depuis 1995, Dacia produit une petite voiture, la Nova, qui va profiter d’un profond restylage pour devenir SupeRNova en 2000 (puis Solenza en 2003). À la même époque, un programme de refonte des 1310/1307 est lancé sous le nom de U75. Le restylage est profond, touchant à tout ce qui peut l’être sans investissement massif. L’avant est retravaillé, tout comme l’arrière. L’opération de chirurgie esthétique ne fait pas de miracle mais la 1307 Double Cabine (comme la berline 1310) en sort profondément relookée. Elle reçoit surtout, à cette occasion, un moteur diesel de 1,9 litre proposant 65 chevaux (reconnaissable à son bossage sur le capot).

Kitsch, pratique et décalée

La 1307 Double Cabine, ainsi maquillée et remotorisée, va durer jusqu’en 2006 en version traction ou 4×4 et même connaître une carrière à l’export. En Allemagne, l’importateur Schelsky Autohaus va même proposer des versions “luxe” qui illustrent pour la plupart cet article : pare-buffle, jantes alu, décorations extérieures, sous le nom de Lynx ou de Country, et pour un prix de seulement 9 950 euros pour la version 4×4 : autant dire peanuts vu le coût du moindre modèle concurrent. Même la Panda 4×4 ne peut rivaliser. L’arrivée de la Logan (et de ses déclinaisons break MPV et Pick-up) mettra un terme à la carrière de la 1307 après tout de même 96 163 exemplaires. 

Aujourd’hui, il faudra fouiner en Allemagne (pour les versions Lynx ou Country) ou en Roumanie (pour des versions plus classiques) mais il faut bien l’avouer : la 1307 a un look d’enfer, délicieusement rétro et baroque, totalement hors du temps et pourtant bien utile avec ses 5 places, ses 4 portes, sa benne et sa transmission intégrale éventuellement. À l’heure du choix d’un tout-terrain original, pourquoi ne pas partir en chasse de cette étrange roumaine ?

Merci à Gaëtan Brunet pour l’idée et les photos de l’importateur allemand

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